Mardi 8 janvier 2013
21h
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Leah s’était vue assigner deux nouvelles missions. Une à laquelle elle était habituée, de l’infiltration, l’autre, une exécution. Sans grande hésitation, la jeune femme opta pour se préparer pour la première, à laquelle elle couplerait la seconde, un peu plus tard. Tuer n’était pas son acte préféré, on aurait pu désigner d’autres agents pour ce genre d’accomplissement, mais elle avait été « l’élue » et Leah ne savait pas si elle devait s’en féliciter ou se méfier. Elle le découvrirait bien assez tôt.

Durant une journée, la jeune femme travailla à sa couverture après avoir rassemblé les informations sur la cible à approcher, un lieutenant de police, fils de policier et poulain du chef du NYPD. L’objectif était en grande partie d’avoir accès, grâce à lui, à quelques informations importantes, mais également à pouvoir le manipuler si nécessaire. Leah grimaça, vu le dossier qu’elle avait sous les yeux, une approche uniquement séductrice ne serait pas suffisante. Si elle le jouait comme ça, il y avait de fortes chances qu’elle n’atteigne pas son but. Non, elle devait s’y prendre autrement, jouer sur le côté policier protecteur, le défenseur de la veuve et de l’orphelin, le détective à la recherche de la vérité…

Leah avait choisi un mardi soir pour sa première approche, dans un bar que fréquentait le lieutenant, situé sur Broadway, le « 169 Bar ». Elle s’installa sur un tabouret, vêtue d’une robe rouge qui attirait les regards masculins vers elle. Elle ne devait pas trop se fondre dans la masse, mais pas trop se démarquer non plus. Le barman lui servit sa commande, un cocktail martini qu’elle se mit à siroter en jetant des regards un peu blasés autour d’elle. Elle attendait l’arrivée de sa cible qui fréquentait ce lieu après le travail, selon ses informations en tout cas.

Ce mardi 8 janvier avait été marqué par un déjeuner avec le chef de la Police, qui lui avait rappelé que ses méthodes ne l'aideraient pas à avoir une nouvelle promotion. Si le sermon avait été prononcé sur un ton gentillet, cela n'avait pas été le cas de celui de son père. Ce dernier lui avait téléphone pour lui faire passer un savon. Michael n'avait pas bronché, mais il était profondément agacé par cette infantilisation dont il avait été victime par son propre père.

Pour se changer un peu les idées, Michael avait donc décidé de se rendre dans un bar où il pourrait boire quelques verres avant de se faire ramener par un taxi. Il n'était pas question d'achever sa journée avec une arrestation avec un malencontreux état d'ivresse sur la voie publique ou au volant de sa voiture. Il ne voulait pas être viré même s'il lui arrivait d'avoir des envies de démission.

Quand il passa la porte du bar, Michael laissa son regard se porter sur les personnes présentes. Une inconnue à la robe rouge attira brièvement son attention avant qu'il ne prenne la décision de se diriger vers le bar pour débuter la soirée. Il s'installa sur un tabouret, commanda un double whisky et éteignit son téléphone portable afin d'obtenir un brin de tranquillité. Quand le verre lui fut servi, il commença à le boire, débutant sa soirée calmement...

Rapidement, sa cible fit son apparition et s’installa sur un tabouret également. Leah lui jeta une œillade rapide et curieuse, comme le ferait n’importe quelle voisine de comptoir, avant de feindre de se perdre dans des ruminations pensives et commander un deuxième verre de martini. Le temps que le barman lui apporte celui-ci, Leah leva le coude et but le premier cul sec. Elle ne craignait pas les conséquences de ce geste, il lui en faudrait bien plus pour se rouler sous une table. Un souvenir de concours de shots de vodka lui revint en mémoire sans pour autant qu’elle se souvienne de la fin de ce dit concours ni même du lendemain matin. En fait, Leah n’aimait pas trop l’alcool fort, elle préférait les plus légers, comme celui que lui amenait le barman.

Elle le remercia d’un sourire et fut seule durant quelques instants, jusqu’à ce qu’un homme bien éméché ne l’accoste. Apparemment un habitué, car le jeune serveur derrière le comptoir lui adressa un regard désolé avant d’être appelé par un autre client, l’endroit étant plutôt très fréquenté, surtout à cette heure tardive. L’homme se présenta, Stanley, et lui proposa un verre qu’elle refusa poliment. Il battit en retraite durant quelques minutes avant de revenir à la charge, accompagné de son haleine puant le whisky. Un nouveau refus provoqua l’insistance de son interlocuteur dont le langage passa du plus ou moins poli au plus en plus vulgaire. Ses gestes se firent aussi plus envahissants, ses mains, qui cherchaient à se poser ses cuisses, furent chassées par les siennes et une gifle retentissante s’écrasa sur sa joue. Enfin… Elle aurait été retentissante si tout le brouhaha des clients du café ne l’avait pas assourdie.

Leah aurait pu s’en débarrasser aisément mais ce n’était nullement dans ses intentions. Elle n’était pas ici en tant qu’elle-même, un agent qui aurait pu régler son compte en quelques instants à cet enquiquineur de première. Elle était en mission et, dans un sens, ce Stanley têtu lui offrait peut-être l’opportunité d’engager une conversation avec le lieutenant visé. Après tout, son dossier disant qu’il était du genre protecteur. Une femme en prise avec un homme éméché et ayant apparemment l’alcool mauvais devrait provoquer une réaction, pour peu que son attention se porte de leur côté, bien entendu.

Si ce n’était pas le cas, Leah décida que son interlocuteur trop insistant aurait rapidement un problème à l’entrejambe avant qu’elle ne se décide à quitter les lieux en remerciant les hommes aux alentours pour une belle démonstration d'ignorance et de manque de courage.

Au bar, Michael avait les yeux braqués sur le contenu de son verre. Perdu dans ses pensées, il réfléchissait sur l'affaire que le F.B.I prenait un plaisir de leur voler. Même s'ils avaient les cadavres, le policier en savait assez pour tenter de mener l'enquête dans son coin. Ce n'était pas simple de se la jouer en solo, encore plus quand l'infiltration lui était interdite. Il aurait pu aller contre cette règle, mais il savait au fond de lui qu'un faux pas pouvait lui coûter très cher. On lui pardonnait déjà bien assez de bêtises comme ça... inutile de jouer davantage avec le feu.

Quand son prénom résonna dans ses oreilles, Michael s'extirpa de ses pensées pour jeter un regard au barman. Ce dernier lui indiqua quelque chose d'un signe de menton. Curieux, le policier tourna la tête pour découvrir une jeune femme en proie à un individu quelque peu désagréable. Une gifle sanctionna le comportement déplacé de l'individu, mais cela ne sembla pas suffire à le stopper complètement. Lâchant un soupir contre la bêtise humaine, Michael quitta son siège pour rejoindre la jeune femme.

- Dégage ou tu passes la nuit en prison.

Tout en prononçant ses paroles, Michael s'était permis de montrer sa plaque afin de dissuader l'individu. Ce dernier lui jeta un regard noir, mais battit en retraite, non sans baragouiner quelques marmonnements peu polis à l'égard du policier. Michael se contenta de lever les yeux au ciel tout en s'abstenant de prendre la parole pour autant. Il n'était pas question de rajouter de l'huile sur le feu, encore moins de générer une bagarre. Son regard se reporta sur la jeune femme dont il avait vaguement remarqué la présence à son entrée dans le bar.

- Tout va bien ? Je peux faire quelque chose pour vous ?

Finalement, il y eu intervention, Leah n’y croyait presque plus. Soit le dossier n’était pas à jour, soit il avait bien d’autres choses en tête. Quoiqu’il en soit, la jeune femme poussa un soupir de soulagement lorsqu’elle vit l’homme éméché battre en retraite suite aux paroles menaçantes de son « sauveur » qui se tourna ensuite vers elle.

- Tout va bien ? Je peux faire quelque chose pour vous ?

- Plus de peur que de mal. Merci de votre aide…

Leah adressa un sourire reconnaissant mais en y ajoutant un côté un peu gêné pour avoir dérangé son interlocuteur. Son regard se porta sur le perturbateur qui ruminait dans son coin, avant de se recentrer sur le lieutenant.

- Puis-je vous offrir un verre pour vous remercier ?

C’était un bon moyen d’entamer la conversation. Il était venu seul, mais peut-être attendait-il quelqu’un qui le rejoindrait. Elle le saurait bien assez tôt.

- Au fait, je m’appelle Leah, je peux vous demander votre nom ou vais-je devoir me contenter de « mon sauveur » ? Demanda la jeune femme, gardant son sourire aux lèvres.

- Plus de peur que de mal. Merci de votre aide…

Michael rendit le sourire à son interlocutrice, mais sans le côté gêné. Il l'observa alors qu'elle détournait son regard de lui afin de fixer la direction prise par l'homme éméché. Il aurait pu en faire de même afin de vérifier que ce dernier avait réellement quitter la scène pour ne plus y revenir, mais il n'en fit rien.

- Puis-je vous offrir un verre pour vous remercier ?

- Si vous me promettez de ne pas dire à mon chef que j'accepte les boissons en guise de remerciement, j'accepte.

Tout en prononçant ses paroles, Michael s'installa aux côtés de la jeune femme, qui ne tarda pas à reprendre la parole afin de se présenter.

- Au fait, je m’appelle Leah, je peux vous demander votre nom ou vais-je devoir me contenter de « mon sauveur » ?

- Mon sauveur, cela sonne bien. Quant à mon nom, je ne le donne pas à n'importe qui. Je ne suis pas un homme facile, vous savez...

Il laissa sa phrase en suspens tandis que ses lèvres se soulevaient en un sourire amusé. Son ton changea ensuite afin de prendre une tonalité un peu plus sérieuse, bien qu'une pointe de séduction pouvait y être perceptible.

- Mais dites-moi, pourquoi une aussi jolie femme se retrouve seule dans un bar un mardi soir ? Vous attendez quelqu'un ? Ne me dites pas qu'on vous a posé un lapin, je ne pourrais pas croire qu'un homme soit assez bête pour oser vous oublier...

Son interlocuteur usa d’un peu d’humour pour la détendre et accepta son offre, prenant place à ses côtés. C’était donc un bon début. Il ne lui donna cependant pas son nom en retour, préférant garder « mon sauveur », tout en gardant un ton léger qui fit sourire à nouveau la jeune femme qui fit signe au barman de leur servir la même chose, quoiqu’il ait pris.

- Mais dites-moi, pourquoi une aussi jolie femme se retrouve seule dans un bar un mardi soir ? Vous attendez quelqu'un ? Ne me dites pas qu'on vous a posé un lapin, je ne pourrais pas croire qu'un homme soit assez bête pour oser vous oublier...

Intérieurement, Leah fut soulagée par cette question. Et cet intérêt, même temporaire, était un bon signe. Elle devait donc continuer dans cette voie. Tenter de maintenir l’attention de son interlocuteur à son sujet et réveiller un peu sa curiosité mais pas trop. Elle haussa les épaules avant de répondre.

- J’attendais quelqu’un, là j’ai arrêté d’attendre depuis un petit moment. Et pour confirmer que j’ai de la chance aujourd’hui, j’ai fait la connaissance de ce charmant… c’était quoi son nom déjà ? Bref, j’ai bien fait de ne pas jouer à la loterie. Enfin la chance a peut-être tourné, vu que ça m’a permis de rencontrer mon sauveur, rajouta la jeune femme avec un sourire un peu timide avant de détourner le regard.

Ce dernier se posa sur le barman que Leah remercia lorsqu’il leur servit leurs nouveaux verres et reprit ses deux vides. Elle se tourna ensuite à nouveau vers son voisin de comptoir.

- Je vous retourne la question, vous attendiez quelqu’un ? Après un court instant, la jeune femme se redressa pour prendre un ton faussement offusqué. Hey, mais ne m’auriez-vous pas traitée de n’importe qui ? Je pourrais me vexer, vous savez... Pour éviter ça, je propose que vous me donniez votre prénom, comme ça nous serons à égalité. Ou faudra-t-il que j'essaye de le deviner ?

Avant de laisser son interlocuteur lui répondre, Leah leva son verre pour porter un toast avec un sourire mutin.

- A la stupidité humaine, et aux quelques exceptions qui peuvent faire la différence dans ce monde de fous. Santé, mon sauveur.

Le lieutenant était seul ce soir, ce qui arrangeait bien les affaires de Leah. Au moins ils n’auraient pas à être interrompus, à l’exception peut-être de son nouvel « ami » Stanley. Et il leva son verre lui aussi tout en plantant son regard dans le sien, regard qu’elle soutint durant quelques instants avant de baisser les yeux sur son verre, le rouge aux joues, jusqu’à ce qu’il reprenne la parole.

- Au fait, j'aime beaucoup l'idée de vous laisser deviner mon prénom. Enfin, ce n'est qu'une excuse pour garder l'idée de "mon sauveur" qui flatte mon ego de policier.

Il aimait donc les devinettes ainsi que les flatteries. Toujours pas de prénom mais au moins une profession, au cas où ses actions précédentes n’auraient pas été claires. Leah s’attèlerait donc à « deviner » le prénom de son interlocuteur, dont la compagnie n’était pas trop désagréable en fait.

-  Est-ce que ça vous dit de jouer ? Nous pourrions faire un petit action/vérité improvisé ?

Les traits de Leah marquèrent la surprise suite à cette proposition, vraiment joueur, mais c’était un moyen amusant de faire connaissance. Une technique de séduction assez intéressante, pensa la jeune femme, en souriant à son interlocuteur, amusée par la situation.

- C’est bien la première fois qu’on me propose ça, répondit Leah en riant. Mais pourquoi pas ? Est-ce qu’on a droit à des jokers ou bien êtes-vous un joueur qui n’a peur d’aucune question ni d’aucun gage ?

Un demi-sourire aux allures de défi planait sur les lèvres de la brune qui s'était tournée un peu plus vers le lieutenant. En attendant sa réponse, Leah porta son verre jusqu'à ses lèvres pour y boire une petite gorgée.

Sa proposition fit naître la surprise les traits de sa compagne du soir. Un sourire finit par s'installer, qui se transforma en un rire mélodieux lorsqu'elle réagit verbalement à son idée.

- C’est bien la première fois qu’on me propose ça.

Michael esquissa un sourire. Cette carte, il aimait la sortir de temps en temps afin d'échapper à un quotidien parfois trop sombre. Il n'était pas toujours simple de courir après les voleurs et les meurtriers, surtout lorsque ces derniers gagnaient la partie.

Mais pourquoi pas ? Est-ce qu’on a droit à des jokers ou bien êtes-vous un joueur qui n’a peur d’aucune question ni d’aucun gage ?

- Si le gage n'enchante pas, on peut se reporter sur la vérité. Et inversement. Ce droit ne fonctionne qu'une seule fois, comme il est interdit de proposer deux fois le même gage ou vérité.

Les règles n'étaient pas insurmontables. Il fallait juste bien réfléchir au moment où faire marcher son joker. Ce n'était pas toujours évident, mais il était toujours possible de contourner les consignes ou de répondre à la vérité sans vraiment le faire. Leah sembla rentrer dans la danse, débutant très fort par un gage. Michael s'offrit une courte seconde de réflexion avant d'opter pour la première idée qui lui traversa l'esprit.

- Serez-vous capable de chanter et danser "Singin' In The Rain"  sur le bar ?

Leah écouta les quelques règles du jeu. Ainsi le lieutenant n’était pas totalement intrépide, en tout cas, la jeune femme lui montra l’exemple et commença par un gage, se demandant quel genre d’action lui proposerait son nouveau compagnon.

- Serez-vous capable de chanter et danser "Singin' In The Rain"  sur le bar ?

Une moue répondit à cette proposition tandis que le regard de la jeune femme se posait sur le bar. Il était assez large pour se déplacer dessus sans trop de souci, c’était juste la danse connue pour cette musique bien connue qui n’était pas aisée à appliquer sur un support comme celui-là. Déjà que ce n’était pas facile à faire sur la terre ferme. Leah réfléchit alors à toute vitesse, se disant qu’elle pouvait malgré tout effectuer ce gage sans user d’un joker qui serait peut-être bien utile après. Et revenir sur une vérité ne la tentait pas vraiment. Elle pouvait essayer de gagner des points grâce à l’exécution de ce gage.

Finalement, Leah reporta à nouveau son attention sur le lieutenant et lui adressa un grand sourire avant de descendre de son tabouret et de se hisser sur le comptoir.

- Je compte sur vous pour me protéger des fans déchainés.

Elle adressa un clin d’œil amusé au lieutenant avant de faire signer au barman et lui chuchoter quelques mots à l’oreille. Ce dernier sourit, lança un regard à Michael et se hâta d’exécuter les ordres de la jeune femme. Ce ne fut pas la bande originale de « Chantons sous la pluie » qui se fit entendre dans l’établissement mais une musique au rythme plus lent et un peu plus jazzy. Leah improvisa donc sa propre version de la chanson demandée par  le lieutenant, y adaptant aussi des mouvements bien plus aisés à exécuter sur un bar, plus sexy aussi, sans aucun doute. Néanmoins Leah veilla à ne pas trop en faire, sa robe s’occupant de toute façon déjà une bonne partie du travail.

Son interprétation terminée, assise à nouveau sur le bord du comptoir et rougissant sous les applaudissements et les regards des autres clients du bar, Leah regarda son compagnon de jeu et lui demanda de choisir à son tour entre gage ou vérité. Il choisit la première solution et la jeune femme eut le temps de réfléchir tandis qu’elle reprenait place sur son tabouret et vidait la moitié de son verre, affichant ainsi un certain trouble après avoir osé se donner ainsi en spectacle.

- Faites-moi rire, qu’importe le moyen.

Leah se pinça les lèvres, cherchant à afficher un sérieux solennel puis hocha la tête pour donner son feu vert au lieutenant.

Michael observa la jeune femme se plier à l'exercice imposé par son gage. Elle lui demanda de veiller à sa protection au cas où sa danse aurait trop de succès. Michael accepta la mission avec sérieux, mais un brin amusé aussi. Son regard suivit la jeune femme alors qu'elle exécutait sa propre version de la danse imposée. Michael esquissa une moue désapprobatrice qui ne l'empêcha pas de profiter du spectacle. Un sourire finit par apparaître sur les lèvres, puis les applaudissements tombèrent lorsque la musique s'arrêta. Quand elle lui proposa gage ou vérité, il se plia en gardant ses réserves pour lui.

- Faites-moi rire, qu’importe le moyen.

Il ne répondit pas, mais se pencha vers la femme pour l'embrasser sur les lèvres. Cela ne dura qu'une brève seconde. Il nota le petit mouvement de recul de cette dernière, mais s'en désintéressa pour continuer sur sa lancée. Il mit un genou à terre, saisit la main de Leah comme s'il allait la demander en mariage...

- Madame, vous n'avez pas vraiment rempli votre gage. Néanmoins, je tiens à vous faire ma demande quand même. Accepteriez-vous de passer le reste de la soirée avec moi dans un lieu plus privé ? J'aimerais beaucoup voir vos autres talents pour la danse, dévoiler les miens, mais que nous soyons seuls spectateurs...

Pour toute réponse, le lieutenant se pencha vers elle pour l’embrasser, provoquant la surprise et un léger mouvement de recul. Il la surprit à nouveau en s’agenouillant face à elle, lui prenant la main. Un sourire amusé apparut sur le visage de la jeune femme tandis que son interlocuteur prenait la parole.

- Madame, vous n'avez pas vraiment rempli votre gage. Néanmoins, je tiens à vous faire ma demande quand même. Accepteriez-vous de passer le reste de la soirée avec moi dans un lieu plus privé ? J'aimerais beaucoup voir vos autres talents pour la danse, dévoiler les miens, mais que nous soyons seuls spectateurs...

Son gage n’était donc pas rempli entièrement. Il avait donc vraiment désiré la voir sautiller sur le bar. Leah ignora la remarque sur l’accomplissement de son gage, il n’avait pas tout à fait tort de toute façon. Son sourire amusé s’agrandit tandis qu’il lui faisait sa demande. Elle était un peu surprise de voir cette invitation arriver si rapidement mais devait avouer qu’elle n’avait aucune envie de refuser, il était de bonne compagnie et plutôt surprenant.

De sa main libre, Leah s’éventa le visage de manière théâtrale, continuant le jeu de son compagnon actuel.

- Oh je ne m’y attendais pas… Vraiment… ? Une représentation privée ? Oh !

Avec un air malicieux, Leah quitta son siège et invita le lieutenant à se redresser pour ensuite chercher un billet dans son sac afin de payer ses consommations et celle qu’il avait offerte à « son sauveur ». Lorsque ce fut chose faite, elle se tourna vers le lieutenant qui n’avait pas encore accompli son gage jusqu’à présent.

- J’accepte volontiers, mon sauveur. Mais je n’oublie pas votre gage pour autant. Où allez-vous m’emmener ? Je vous avoue être curieuse quant à vos talents pour la danse et bien pressée soudainement de quitter cet endroit et le champ vision de mon ami Stanley, reprit Leah en esquissant une grimace à la fin de son discours. Il n’est pas très charmant contrairement à vous, mmmh… Jack ? Tenta la jeune femme, n’ayant pas oublié qu’elle devait deviner le prénom de son interlocuteur.

Michael observa sa compagne d'un soir jouer le jeu. Son sourire s'était agrandi au fil de sa demande, ce qui laissait présager une réponse positive. Dans tous les cas, Michael profita du spectacle, que ce soit celui de Leah ou du public face à cette improvisation.

- Oh je ne m’y attendais pas… Vraiment… ? Une représentation privée ? Oh !

Elle quitta son siège, puis l'invita à se redresser. Michael se plia sans broncher. Il la laissa payer même si l'envie de l'arrêter le traversa. Néanmoins, il avait appris à se montrer plus mesuré sur ce point car certaines femmes prenaient très mal qu'on veuille les inviter.

- J’accepte volontiers, mon sauveur. Mais je n’oublie pas votre gage pour autant. Où allez-vous m’emmener ? Je vous avoue être curieuse quant à vos talents pour la danse et bien pressée soudainement de quitter cet endroit et le champ vision de mon ami Stanley. Il n’est pas très charmant contrairement à vous, mmmh… Jack ?

- Perdu, déclara Michael.

Un sourire en coin était dessiné sur les lèvres du policier. Il tendit son bras à la jeune femme, puis l'invita à le suivre hors du bar. Il leva son autre main pour héler un taxi, puis se tourna vers Leah afin de réagir au gage.

- Je n'oublie pas le gage. Je saurai vous faire rire en temps et en heure, mais avant j'aimerai savoir si vous préférez une jolie chambre d'hôtel ou une suite ? Je ne vous propose pas la chambre du motel car ce serait trop petit pour danser, et puis vous êtes trop jolie pour y dormir. Quant à chez moi, eh bien, jamais le premier soir.

Il aurait pu s'arrêter là, mais ajouta un dernier petit point avec un sourire.

- Et puis avec mon prénom sur la boîte à lettres, vous risquiez d'abandonner mon sauveur bien trop vite.

Accrochée au bras du lieutenant, Leah sortit du Bar 169 et laissa son accompagnateur héler un taxi avant d’écouter sa nouvelle question, suivant une promesse de ne pas oublier son gage. Leah se retrouva donc devant un choix, une chambre d’hôtel ou une suite, tandis que le motel lui était épargné.

- Et puis avec mon prénom sur la boîte à lettres, vous risquiez d'abandonner mon sauveur bien trop vite.

- Mmh j’en doute, répondit la jeune femme avec le même sourire que son interlocuteur avant de reprendre la parole pour répondre à sa première question. Mais une jolie chambre d’hôtel me convient parfaitement. Une suite, c’est plus amusant d’en profiter sur au moins toute une journée, et vous devez certainement travailler demain, n’est-ce pas ?

Il était en pleine semaine, un mardi, comme beaucoup de citoyens de New York, le lieutenant devrait bosser le lendemain. Elle, de son côté, aussi, évidemment. Même si l’histoire qu’elle servirait à son compagnon de ce soir serait largement différente de la réalité. La jeune femme s’engouffra ensuite dans le taxi et laissa le lieutenant donner la destination au chauffeur. Tout en n’en disant pas plus sur sa situation professionnelle à elle, se demandant si elle aurait une question sur le sujet ou non. Il était probable que, vu la manière dont elle avait tourné sa dernière phrase, elle aurait droit à un retour. Elle reprit cependant la parole, se demandant si ce serait assez pour lui éviter une question qu’elle ne désirait pas vraiment éviter.

- Alors, résumons, vous êtes un beau  et charmant sauveur. Protecteur des jeunes femmes en danger ou harcelées, assez imposant pour faire reculer un Stanley massivement imprégné au bar 169. Mon héros, conclut la jeune femme avec un sourire. Mais vous êtes bien mystérieux, ce qui fait votre charme, je l’admets. Ça et ce talent certain pour surprendre. D'ailleurs quelles autres surprises me réservez-vous pour ce soir… Mmmmax ?

- Mmh j’en doute. Mais une jolie chambre d’hôtel me convient parfaitement. Une suite, c’est plus amusant d’en profiter sur au moins toute une journée, et vous devez certainement travailler demain, n’est-ce pas ?

- Pas de repos pour les forces de l'ordre.

Il esquissa un bref sourire. Un taxi s'arrêta ensuite devant eux. Michael ouvrit la portière, invita la jeune femme à passer la première, puis s'engouffra à l'intérieur. Il donna l'adresse d'un bon hôtel au chauffeur, puis reporta son attention sur Leah. Cette dernière avait repris la conversation avant qu'il n'ait le temps de le faire lui-même.

- Alors, résumons, vous êtes un beau  et charmant sauveur. Protecteur des jeunes femmes en danger ou harcelées, assez imposant pour faire reculer un Stanley massivement imprégné au bar 169. Mon héros. Mais vous êtes bien mystérieux, ce qui fait votre charme, je l’admets. Ça et ce talent certain pour surprendre. D'ailleurs quelles autres surprises me réservez-vous pour ce soir… Mmmmax ?

- Qui sait, répondit simplement Michael.

Il aurait pu lui offrir la suite afin de la surprendre, mais elle avait raison. S'ils ne pouvaient pas en profiter au maximum, cela ne servirait strictement à rien. Mieux valait opter pour la classe en dessous, profiter de l'espace, peut-être de la douche et du lit ensuite. La soirée serait bonne, peut-être unique, mais meilleure que prévue.

- Par contre, vous travaillez demain ? D'ailleurs que faites-vous dans la vie ? Vous êtes chef d'entreprise ? Une simple vendeuse ou quelque chose de plus surprenant encore : la réincarnation d'Aphrodite ?

Il esquissa un sourire, curieux d'en apprendre plus sur la jeune femme, surtout si elle était la future élue de son cœur.

Peut-être Max, ou peut-être pas. Le lieutenant ne prit pas la peine de lui donner une confirmation quant à son prénom. Ainsi, Leah devait continuer à jouer le jeu de celle qui cherchait à deviner le bon prénom. Il ne lui donna pas plus d’information non plus concernant la soirée qui se profilait devant eux. La question attendue arriva ensuite.

- Par contre, vous travaillez demain ? D'ailleurs que faites-vous dans la vie ? Vous êtes chef d'entreprise ? Une simple vendeuse ou quelque chose de plus surprenant encore : la réincarnation d'Aphrodite ?

- Et charmeur aussi, répondit la jeune femme sur un ton amusé, en complétant sa description précédente.

Leah reprit ensuite la parole pour répondre à l’interrogation du lieutenant, provoquée par ses propres questions.

- Je suis représentante commerciale pour un revendeur pharmaceutique. Je visite les médecins et je leur présente les nouveaux produits, en espérant faire une vente et atteindre mon quota. Ce soir je devais rencontrer un médecin, apparemment intéressé par mes produits, mais je pense bien m’être fait bernée et je peux dire au revoir à ma prime.

La jeune femme poussa un soupir en passant une main dans ses cheveux. Ce genre de lapin n’était pas apprécié et pouvait compromettre une carrière. Elle avait donc de quoi se trouver dans ce bar à « fêter » cette opportunité perdue. Quant au choix de sa profession, Leah l’avait choisie pour lui offrir une liberté de mouvement assez large. Un délégué courait tout le temps et partout.  Un sourire vint remplacer sa moue déçue lorsqu’elle se tourna vers son voisin de taxi.

- Une journée bien décevante mais qui semble plutôt s’améliorer sur la fin. Qu’en est-il de votre journée à vous, mon sauveur ? Vous fréquentez souvent ce bar seul ? Et au passage, je me rapproche du bon prénom ?

- Je suis représentante commerciale pour un revendeur pharmaceutique. Je visite les médecins et je leur présente les nouveaux produits, en espérant faire une vente et atteindre mon quota. Ce soir je devais rencontrer un médecin, apparemment intéressé par mes produits, mais je pense bien m’être fait bernée et je peux dire au revoir à ma prime.

Michael hocha la tête d'un air compréhensif. Il était donc en présence d'une charmante jeune femme, qui avait subi un lapin professionnel. Le médecin l'avait peut-être bernée, mais il avait surtout aucun goût aux yeux de Michael. Pour une femme aussi charmante, il aurait fait l'effort de se rendre au rendez-vous afin de profiter de sa compagnie et mêler peut-être privé et travail.

- Une journée bien décevante mais qui semble plutôt s’améliorer sur la fin. Qu’en est-il de votre journée à vous, mon sauveur ? Vous fréquentez souvent ce bar seul ? Et au passage, je me rapproche du bon prénom ?

- Pour le prénom, vous vous rapprochez sans vous en rapprochez. Tout dépend du point de vue que l'on adopte, déclara-t-il, un brin taquin.

Un sourire accompagna ses paroles, puis il reprit avec un peu plus de sérieux dans la voix.

- Je suis victime d'une pauvre femme du troisième âge, qui adore se faire voler son sac à main. A chaque fois, mes collègues me la réservent, ce qui me vaut un postérieur douloureux, quand ce n'est pas les joues.

Il soupira.

- Mais je dois faire avec. Et puis c'est toujours mieux de travailler sur un cas comme ça, que sur des meurtres. Je n'ai pas à voir les cadavres de pauvres filles tuées dans la fleur de l'âge ou d'enfant d'à peine cinq ans. On essaie d'oublier leur visage en allant au bar entre amis, mais ce soir, le mien n'était pas disponible. En même temps s'il avait été là, ce serait lui votre sauveur...

Avec son air un brin ténébreux, Liam pouvait lui ravir certaines jeunes femmes. Il ne s'en plaignait pas puisqu'il était toujours prêt à les consoler une fois que leur médecin décidait de les congédier. Il ne voulait pas de relation sérieuse, Michael comprenait ses raisons... et il en profitait quand le moment venait. Bon, il attendait un peu... un tout petit peu.

- Vous vivez des choses amusantes dans votre travail de représentante ? Vous n'auriez pas une jolie amie susceptible de raccommoder le cœur d'un pauvre médecin veuf ? J'aimerais bien l'aider à retrouver l'amour... et je ne voudrais pas arriver au point de lui présenter la pauvre femme du troisième âge, qui perd toujours son sac.

Avec amusement, Leah écouta les malheurs du lieutenant et de la petite vieille que ses collègues lui réservaient. C’était charmant et un peu inquiétant de la part d’une dame du troisième âge. Il lui parla ensuite de son ami absent ce soir, celui qui aurait été son sauveur s’il avait été présent.

- Vous vivez des choses amusantes dans votre travail de représentante ? Vous n'auriez pas une jolie amie susceptible de raccommoder le cœur d'un pauvre médecin veuf ? J'aimerais bien l'aider à retrouver l'amour... et je ne voudrais pas arriver au point de lui présenter la pauvre femme du troisième âge, qui perd toujours son sac.

- J’ai l’occasion, lorsque je patiente dans les salles d’attente des médecins, de faire des rencontrer surprenantes, effrayantes des fois. Il y a des gens vraiment étranges… Et pas seulement les patients, l’un de mes médecins aime m’accueillir avec uniquement sa blouse blanche sur le dos…

Leah réprima un frisson mais pas une grimace. Le médecin fictif évidemment n’était pas beau à voir, sinon ce n’était pas vraiment intéressant à raconter à son voisin de taxi. Il lui semblait en tout cas que c’était une chose amusante à partager.

- Et malheureusement, Je n’ai pas beaucoup d’amies disponibles, la plupart sont déjà mariées et ont des enfants, répondit la jeune femme. Même si nous avons le même âge, elles me donnent l’impression d’avoir un train de retard, voire même deux.

Beaucoup d’adultes de son âge avaient déjà la bague au doigt et une famille qui s’agrandissait. Elle, de son côté, tout comme son interlocuteur, n’en était pas à ce « stade ». Et chaque avait une explication pour ça. Elle était sans doute très différente, du moins en réalité.

- Je ne sais pas si vous voyez ce que je veux dire ? Ou bien je m’exprime mal ? Demanda la jeune femme en observant son lieutenant charmant.