Mardi 08 Janvier 2013
21h

Lieu:
Le Nightclub "Emerald Dragon"- Little Italy.
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La nuit était tombé il y a maintenant une heure environs, il y avait une bonne dizaines de personnes qui attendaient déjà patiemment pour rentrer dans l'établissement, celui-ci faisait au moins plusieurs pâté de maisons à lui tout seul et était certainement le seul nightclub de grande envergure dans le coin, il s'était forgé une bonne réputation depuis une bonne dizaine d'années maintenant et le succès était au rendez-vous, sa façade est plutôt impressionnante , elle représente un dragon chinois enroulé autours d'un cristal d'émeraude, le tout entouré de lumières et diodes en tout genre.

A plusieurs mètres de là, sur le côté du batiment, une petite ruelle sombre donnait accès sur l'arrière de certains appartements et notamment sur une des sorties de secours du nightclub, un homme de grande taille vêtu d'un costume avec un par-dessus noir se tenait là contre le mur près de la porte, une cigarette à la bouche, le regard perdu dans les étoiles.
Celui-ci entendit le bruit de la circulation provenant de la rue et des passants sur le trottoir qui ne prêtaient guère attention à cette ruelle sombre parmi tant d'autre, la plupart étaient des jeunes qui allaient certainement au nightclub pour faire la fête, boire et draguer à tout va . Un jeune couple bifurqua dans la ruelle afin de passer du bon temps et s'enlacer langoureusement quand soudain le jeune homme aperçut la personne en costume près de la sortie de secours.

[Jeune Homme]
- Excusez-nous monsieur, on ne vous avez pas vue ! On va s'en aller.
dit-il avec un sourire, gêné.

L'homme en costume toujours l'air sérieux, leva ses yeux bridés vers le couple et un léger rictus se dessina sur son visage mais s'effaca rapidement.

- Pas de problème ... Bonne soirée et amusez-vous. répondit-il de sa voix plutôt grave.

Une fois le couple partie, l'homme jeta sa cigarette par terre et ouvrit la porte de sortie à côté de lui pour rentrer dans l'établissement, une fois dans les couloirs il se dirigea vers la salle de pause de la sécurité située au 2ème étages, celle-ci possédait une baie vitrée et teintée permettant de voir toute la piste de danse et les coins VIP.
A son arrivé il n'était pas seul, un homme un peu plus âgé était déjà à l'intérieur de la pièce buvant un café debout, observant la piste de danse.

- Marcus ... C'est rare de te voir dans cette salle.

Marcus se retourne, c'était un homme d'une certaine carrure, une petite cicatrice sur le côté droit du front, le visage creusé par quelques rides et des cheveux gris, c'était le Responsable de Sécurité de l'établissement, c'est lui qui avait recruté Reiken il y a 7 ans maintenant environs.
Son regard se fixa sur Reiken avec un air sérieux et il répondit.

[Marcus]
- J'attends quelques personnes, d'ailleurs t'es pas censé être à l'accueil là ?

Reiken se dirigea vers la machine à café, inséra une pièce et sélectionna un cappuccino.

- Je viens d'arriver, j'ai encore 5 minutes devant moi, j'suis juste venu boire un café avant d'y aller. répliqua t-il d'un ton normal.

[Marcus]
- Bien..bien, dans ce cas fais vite s'il te plaît.

Il retira son cappuccino et avant de sortir de la pièce il salua le vieil homme avec sa main.

- C'est comme si c'était fait patron, à tout à l'heure. dit-il avec assurance.

[Marcus]
- A tout à l'heure Reiky'...

Marcus se détendit légèrement après cela, il était 10 ans plus vieux que Reiken, il avait recruté celui-ci à l'âge de 22 ans, à l'époque c'était un p'tit gars perdu qui était à New York depuis à peine 2 ans, très vite une relation solide s'était construite entre ses deux personnes, malgré que Marcus était le "patron", ils pouvaient tout les deux se permettre d'avoir une relation assez unique et "familiale", c'est comme ça qu'il prit l'habitude de l'appeler Reiky'.

Reiken sortit de la pièce, descendit les escaliers et quitta les locaux de la sécurité pour débouché dans le couloir principal où il arriva à l'accueil pour commencer la soirée, il n'était pas posté dehors à l'entrée ce soir mais à côté du comptoir d'accueil à l'intérieur près des vestiaires et porte-manteau, il brancha son émetteur-récepteur sur la fréquence de sécurité, prêt en cas d'appel. La belle Lara était de service au comptoir d'accueil, Reiken l'appréciait car elle était toujours souriante même quand ça n'allait pas, et elle donnait la pêche à tout le monde, après tout elle était jeune et pétillante du haut de ses 20 ans, elle était blonde aux yeux vert avec une peau un peu mate, plutôt jolie fille, elle bossait là depuis 2 ans maintenant, elle était accompagnée de Helen, un peu plus morne et plus vieille, elle se chargeait des vestiaires la plupart du temps.

- Salut Lara, en forme pour ce soir ? dit-il d'un ton calme.

[Lara]
-  Avec toi à mes côtés, toujours ! Haha.

La nuit pouvait enfin commencer et Reiken restait là à observer toute les têtes qui passaient, les gestes suspects et il jetait un coups d’œil également aux vestiaires et faisait une petite ronde dans le couloir jusqu'au comptoir de temps en temps.

- Non !

Lawrence se réveilla en sursaut, trempé de sueur, son cœur battant la chamade. Ses yeux humides s'ouvrirent en grand sur l'habitacle assombrit de sa voiture, les mains crispées sur le volant. Après une poignée de minutes qui lui semblèrent une éternité, il desserra son étreinte du volant et enfonça son visage entre ses mains. Il expira longuement, puis remit ses lunettes teintées sur son nez, avant de sortir péniblement de la voiture. Après avoir refermé la portière en prenant soin de la claquer aussi violemment que possible, il se retourna et tenta de discerner les formes mouvantes qui emplissaient la rue. Des jeunes, pour la plupart. Il leva les yeux et détailla le bâtiment. Une boîte de nuit, à peine plus grande que les autres qu'il avait connu. Sur la façade avant, un dragon chinois s'était lové autour d'une émeraude de belle couleur.

- Mais qu'est-ce que je viens foutre là ... Se demanda Lawrence en grommelant dans sa barbe.

Il s'appuya contre le capot de sa berline et sortit de sa poche un petit calepin corné et abîmé. Il l'ouvrit et tourna frénétiquement ses pages jaunies et griffonnées à l’encre noire. Il s'arrêta sur une note qu'il semblait avoir prise récemment. Il resta un moment immobile, les yeux rivés sur la page en question, le corps chancelant quelque peu. Puis, il referma le carnet qu'il plongea dans un pan de son imperméable et releva la tête vers l'établissement qui ouvrait. La foule s'y engouffrait, la rue se vidait. Lawrence avança pas à pas, traversant la route aussi vite qu'un vieillard sans son déambulateur, puis s'arrêta un moment à l'entrée de la boîte, considérant quelques secondes les personnes qui se trouvaient à l'intérieur. Il s'assura être bien armé, et cacha sa ceinture avec de son imperméable. Il entra.

A l'intérieur, le bruit de la musique et des jeunes fit battre les tempes de l'inspecteur, qui fronça les sourcils. Les clients s'écartaient autour de lui, alors que sa démarche peu assurée le faisait zigzaguer. Il s'avança dans l'entrée en toisant froidement les videurs comme les clients, et s'arrêta devant les portes ouvertes de la salle, au niveau des vestiaires. Une jeune femme semblait hésiter à l'approcher, mais il ne fit pas attention à elle. Il tourna la tête vers le comptoir de l'accueil et gratifia le jeune homme qui s'y trouvait d'un rictus étrange et peu aimable. Il s'approcha de lui en plongeant sa main dans son imperméable, au niveau de sa poitrine, prêt à en sortir quelque chose.

[Musique - Nightclub]

La musique commençait à battre son plein dans le nightclub et l'ambiance s'installa petit à petit, les première commandes affluèrent et les cris de joie de jeune étudiante en folie pouvait s'entendre depuis l'accueil.

Reiken repéra une personne de taille moyenne se rapprochant de l'accueil, il était étrange, vêtu d'un imperméable et des lunettes teintées, il avait l'air mal en point et ne savait presque plus marcher correctement, au fûr et à mesure qu'il s'approcha il finit par apercevoir un vieillard en face de lui, une personne profondément marqué par le temps et surtout par l’expérience d'une vie apparemment bien accablante.

Le jeune homme avait l’œil pour analyser les gens, il savait que quelque chose clocher chez ce type, de toute manière il devait intervenir, il y avait une politique à respecter dans cet établissement, accès gratuit au jeune fille belle et aguicheuse, entré payante et plein pot pour les hommes, et accès interdit aux sans abris, aux bourrés et pour certaine personne qui ne correspondraient pas vraiment aux critères vestimentaire de ce genre de lieu, comme cet homme.

Reiken prit son émetteur-récepteur et envoya le message nécessaire au PCS - Poste Central de Sécurité - dans ce genre de situation, la règle veut que pour intervenir, il faut nécessairement deux agents.

- PC Sécurité, ici Agent 1, vous me recevez ?

[PC Sécurité]
- Agent 1, ici PC Sécurité, je vous reçois fort et clair, transmettez.

- Prévoyez un agent supplémentaire à l'accueil, je signale une personne suspecte, Terminé.

[PC Sécurité]
- Bien reçu Agent 1, je vous envois Agent 2 sur votre position, Terminé.

Il rangea son émetteur pour aller s'interposer et savoir ce que voulait ce vieillard en attendant son collègue, quand soudain il remarqua un étrange rictus sur le visage de celui-ci avant qu'il ne plonge sa main dans son imperméable pour en sortir quelque chose.

Sur ses gardes Reiken posa, par précaution, une main sur son pistolet rangé du côté droit de sa ceinture en dessous de sa veste, prêt à dégainer à tout moment, il ne voulait pas dégainer tout de suite car cela allait plonger l'établissement dans un chaos pas possible à la vue d'une arme à feu, de plus il n'était pas sûr de ce qui se trouver sous l'imperméable de cet homme.

Reiken s'approcha doucement et accueilli l'homme calmement et avec tact.

- Bonsoir monsieur, que puis-je faire pour vous ? Ca va aller ? il était maintenant assez près du vieillard pour le désarmé en cas de besoin si celui-ci sortait une arme.

Il était d'un calme à tout épreuve, aucun stress, rien et pourtant il pouvait à ce moment précis risquer sa vie.

Lawrence se doutait qu'il allait attirer l'attention, et ça l'arrangeait. Il vit le jeune homme aux traits asiatiques s'approcher de lui après avoir contacter quelqu'un discrètement. Il le laissa venir à lui et plongea son regard dans le sien, sans sourire.

- Bonsoir monsieur, que puis-je faire pour vous ? Ca va aller ?

Lawrence ouvrit le pan de son imperméable, ce qui laissa apparaître sa plaque d’inspecteur de police de manière suffisamment discrète pour que la clientèle ne s'affole pas.

- Bonsoir, Inspecteur Fear, de la Criminelle, s'enquit de répondre ce dernier avec son habituel détachement de circonstance, pas d'inquiétude, je suis juste là pour poser quelques questions.

Lawrence sortit son petit calepin de sa poche intérieure et en extrait une photo pliée, qu'il tendit au jeune homme qui lui barrait la route, alors qu'un second s'approchait d'eux.

- Je suis à la recherche de cet homme, l'auriez-vous vu ? L'inspecteur tentait tant bien que mal de cacher son mal de tête, mais ça l'agaçait et c'était plus fort que lui. Il parlait d'un ton agressif. 

La photographie noire et blanc, sans doute prise à la volée, représentait le visage d'un jeune homme aux traits occidentaux. La trentaine, environ 1m80, carrure athlétique, cheveux long et sombres coiffés en arrière.

- Cet homme est dangereux et recherché par nos services. Si vous avez des informations à son sujet, contactez la police.

Lawrence savait que le garçon en question fréquentait les boîtes de nuit, notamment celles qui ont pour habitude de réunir des groupes d'individus peu recommandables. Voilà une dizaine d'années qu'il traquait les membres du "Clan Crosvà" comme il les appelait. Il s'agissait d'une famille, celle qui avait reprise la Société de ses parents, aisée et experte dans le milieu de la finance. Mais depuis un moment, la police s'interroge quant à la nature exacte de leurs activités. Ils étaient liés à de nombreuses affaires de drogue, de trafic d'armements et de blanchiment d'argent. Mais jamais aucune preuve ne fut apportée, ce pourquoi le dossier avait atterrit entre les mains de Lawrence, qui saurait découvrir le fin mot de l'histoire. Il éprouvait même un malsain plaisir d'avoir eut vent des soupçons qui pesaient sur cette famille qui avait pris son héritage. Il emploierait tous les moyens pour obtenir des informations sur le fonctionnement de leur groupe, qu'il considérait déjà comme une mafia.

En quelques mois, il en avait apprit plus sur l'histoire des Crosvà que les précédents enquêteurs en l'espace de 10 ans. Fonctionnant en autarcie complète, cette famille d'un petit nombre de membres avait de nombreux contacts, exclusifs, dans le milieu de la pègre. Ils engageaient des gardes du corps et des hommes de mains lors de leurs déplacements et possédaient un système hiérarchisé autour du principe du sang. Ainsi, le père de famille était le chef. Jusqu'à maintenant, il s'agissait de William Crosvà. Mais depuis quelques temps, les affaires de la famille semblaient avoir été boostées, ce qui laissa Lawrence songeur, jusqu'à l'amener à la conclusion que les rênes du Clan avaient été confiées au plus jeune. Celui que l'on connait sous le nom de Melow, mais qu'ils appellent Magelan lors de leurs communiqués. Ce garçon été donc fiché au FBI et à la NYPD. Au fil des recherches, Lawrence avait même retrouvé son nom dans les dossiers d'Interpol. Un ennemi international, mouillant dans divers trafics de sources sûres, mais couvert par ce qui semblent être des gens puissants. Mais Lawrence s'en foutait, des gens puissants. Il les détestait, en plus.

Pour l'instant, tout ce qui l'importait était la filature de Melow Crosvà, qu'il cherche activement depuis deux mois, et qu'il sait en activité à Manhattan.

Quand Reiken aperçut la plaque d'inspecteur il relâcha la pression sur son arme.
Il sembla quelque peu surpris de voir un inspecteur avec une telle allure, loin d'être présentable, de plus il lui semblait sentir comme une odeur d'alcool incrusté dans ses vêtements et le front de son interlocuteur ruisselait de sueur. Et puis la police n'était venu ici qu'une seule fois depuis qu'il bossait ici, c'était donc plutôt rare, d'autant plus que pour le coups c'est la criminelle qui se dérange, enfin il relativisa un peu, il fallait bien que ça arrive un jour, ce nightclub était par moment fréquenté par les plus détestable de Manhattan.

- Bonsoir, Inspecteur Fear, de la Criminelle, s'enquit de répondre ce dernier pas d'inquiétude, je suis juste là pour poser quelques questions.

- Excusez-moi monsieur Fear, Je ne pensais pas que vous étiez de la Criminelle. Reiken, de la sécurité d'Emerald Dragon, enchanté. Je dois dire que je ne m'attendais pas à voir un Inspecteur débarquer de la sorte. Je suis à votre disposition.

Le jeune homme vit que l'inspecteur sortit une photo, au même moment l'agent appelé en renfort; un gros balourd récemment arrivé au service de sécurité du nightclub; arriva sur place, Reiken fit un signe de tête à celui-ci signifiant que le problème était résolu, la mine renfrognée et grommelant quelque chose d'inaudible, l'agent fit marche arrière, certainement déçu de ne pas avoir eu recours à la violence
L'inspecteur débuta son interrogatoire.

- Je suis à la recherche de cet homme, l'auriez-vous vu ? dit-il d'un air agressif, le visage légèrement crispé de douleur.

- Cet homme est dangereux et recherché par nos services. Si vous avez des informations à son sujet, contactez la police. conclua-t-il.

Reiken prit la photo, l'observa quelques instants, cette tête lui disait quelque chose, avec sa mémoire photographique il avait déjà vue cet homme venir plusieurs fois dans cet établissement, il avait son propre coin VIP même, un sale caractère si ses souvenirs sont exacts. Il rendit la photo à son propriétaire et acquiesca.

- Effectivement j'ai déjà vue cet homme, Inspecteur. J'ai une assez bonne mémoire et ce type est un client plutôt régulier de notre établissement, néanmoins il me semble qu'il n'est pas présent ce soir, peut-être viendra-t-il plus tard dans la soirée, je ne saurais vous le dire, sachez que si je le vois je contacterais la police. répondit-t-il calmement affichant une mine rassurante mais sérieuse auprès de l'Inspecteur qui semblait vraiment épuisé.

Si il pouvait coincé un salopard, il le ferait avec joie, combien de type plus répugnant les uns que les autres avait-t-il vue au fil du temps. Toutefois il ne voulait pas ternir la réputation de cette boîte de nuit, pour cela il voulait absolument agir en douceur, si ce type venait à nouveau ici, il lui dirait gentiment de patienter à l'accueil en prenant soin de contacter la police avant.

- Mais si vous voulez que je vous contact directement vous pouvez toujours me donner votre carte. puis il ajouta de son ton solennel et respectueux Et je vois que vous ne vous sentez pas très bien, voulez-vous vous asseoir et prendre quelque chose, vous avez mal quelque part peut être ?

Reiken posa une main amicale sur son épaule et l'entraîna doucement sur le côté pour qu'il ne soit plus trop visible du publique qui se présentait à l'accueil, cela pouvait faire fuir certains clients, c'est triste à dire mais c'est ainsi.

Lawrence n'écouta pas les formules de politesse que lui formula son interlocuteur, cela sonnait toujours faux à ses oreilles. La seule chose qu'il retient fut son nom, par réflexe. Il fit la moue en extirpant la photo de son calepin, ne s'attendant à aucune réponse positive. Quelle fut sa surprise quand le jeune homme se rappela avoir vu Melow.

- Effectivement j'ai déjà vue cet homme, Inspecteur. J'ai une assez bonne mémoire et ce type est un client plutôt régulier de notre établissement, néanmoins il me semble qu'il n'est pas présent ce soir, peut-être viendra-t-il plus tard dans la soirée, je ne saurais vous le dire, sachez que si je le vois je contacterais la police. 

Quoi ? Il l'aurait rencontré, ici-même ?


Les yeux de Lawrence s’écarquillèrent sous ses lunettes, il releva la tête, le visage soudainement illuminé d'un rictus carnassier. Voilà plusieurs mois qu'il pataugeait dans l'affaire Crosvà, sans aucun indice lui permettant de mettre la main sur le leader du groupe, pourtant nationalement connu. Et en l'espace d'une soirée, il eut même vent de ses habitudes ? C'était trop beau, l'inspecteur n'en revenait pas.

- Ce... C'est très bien. Excellent. Lawrence en bafouillait, surprit. 

Obnubilé par la nouvelle, il ne prit pas en considération la remarque de son interlocuteur lorsque ce dernier l'invita à s'éloigner.

- Mais si vous voulez que je vous contact directement vous pouvez toujours me donner votre carte.

- Oh, euh oui ...

L'inspecteur extirpa de sa poche un porte-feuille en lambeaux, enroulé dans du vieux ruban adhésif noir et écorné. Sans prendre la peine de regarder ce qu'il faisait, il en extrait une carte et la tendit à Reiken. Par mégarde il lui avait tendu non pas sa carte d'Inspecteur mais de détective, mais peu importait, le numéro était le même.

- Merci pour vos informations, contactez-moi dès que vous aurez des nouvelles. Lawrence s'écarta nonchalamment de l'agent de sécurité et se dirigea vers l'intérieur de la boîte. Je vais aller me prendre un verre.

Reiken avait observé la réaction de l'inspecteur, celui-ci avait radicalement changé de teint en quelques secondes quand il lui avait répondu, satisfait d'avoir pu aidé ce vieil homme, il esquissa un léger sourire et prit la carte que venait de lui tendre celui-ci.

- Merci pour vos informations, contactez-moi dès que vous aurez des nouvelles. Lawrence s'écarta nonchalamment de l'agent de sécurité et se dirigea vers l'intérieur de la boîte. Je vais aller me prendre un verre.

Il inspecta la carte, en mauvaise état, de plus c'était une carte de détective, peu importe il y avait un numéro dessus, il rangea soigneusement celle-ci dans la poche intérieur gauche de sa veste et observa l'homme se diriger vers l'intérieur de la boîte, habituellement il aurait déjà jeté une personne tel que lui en dehors de l'établissement.
Néanmoins c'était un flic, de la criminelle qui plus est, et puis il ne sait pas pourquoi mais Reiken ressentait de la compassion pour se type, ses capacités d'analyse avaient décelé via son comportement, sa manière d'agir, ses expressions, son physique, ses vêtements, tout ces détails qui indiquaient que cet homme en avait vue des vertes et des pas mûres durant toute sa vie, un tel visage marqué et désespéré quand celui-ci était en train de l'interroger, et seul la réponse positif qu'il lui avait offerte avait réussi à offrir un semblant de vie dans le regard de l'inspecteur.

Le jeune homme laissa donc filer l'inspecteur Fear tout en le saluant.

- Pas de problèmes, je n'oublierai pas de vous contacter et surtout buvez un verre pour moi ! dit-il avec ironie et ajouta sans tarder avant que le vieillard ne disparaisse Mais avec modération quand même ! il avait déjà disparu à l'intérieur du nightclub.
Un inspecteur en service qui allait boire un verre, pas très commode pensa Reiken puis il sortit son émetteur-récepteur pour contacter le PC Sécurité.

- PC Sécurité, ici Agent 1, vous me recevez ?

[PC Sécurité]
- Ici PC Sécurité, je vous reçois Agent 1, transmettez.

- Veuillez demander à la vidéosurveillance de garder un oeil sur un homme de taille moyenne, trapu, vêtu d'un imperméable, des lunettes teintées, les cheveux mal lavés et la démarche titubante. C'est un inspecteur, mais un inspecteur en sale état et qui va boire un verre qui plus est, on ne sait jamais ce qui peut arriver, Terminé.

[PC Sécurité]
- Bien reçu Agent 1, je vais transmettre votre requête, Terminé.

Il rangea l'émetteur et se mit de nouveau en position à l'accueil pour continuer à analyser et filtrer l'entrée, à l'affût de la moindre apparition de cet homme mystère de la photo, il se souvenait de son visage, qu'il était un habitué et qu'il possédait un coin VIP mais il n'arrivait pas à se souvenir de son nom alors qu'il l'avait sur le bout de la langue.

Ce vendredi, Lyn avait décidé de partir un peu à l’aventure et faire au passage quelques recherches. En gros elle mélangeait plaisir et travail, il n’y avait rien de mieux. Quoiqu’elle fasse, son travail n’était de toute façon jamais loin, c’était rare qu’elle ne sorte pas sans son carnet de note ou imagine ce qu’elle pourrait écrire sur ci ou ça. Durant la soirée cinéma avec Scott elle n’avait pas pensé à tout ça, durant son café avec Izzy pareil. Lynn en conclut donc que c’était sans doute la compagnie qui lui permettait vraiment de se déconnecter de son côté professionnel.

Ce soir cela dit, elle était seule, car justement elle avait en tête de prendre quelques notes, repérer quelques visages peut-être. Si elle avait invité son voisin ou son sergent préféré, elle aurait peut-être manqué quelque chose, surtout dans le quartier qu’elle décidait de fréquenter ce soir. Un peu d’aventure donc et elle verrait où cela la mènerait. Lynn avait en vue une boite de nuit bien précise et pour y rentrer, elle devait donc respecter le code vestimentaire qui ne correspondait pas vraiment au sien habituellement.

La journaliste avait donc choisi une tenue courte et assez légère, s’était maquillée un peu plus pour l’occasion et se déplaçait, évidemment avec son sac à l’intérieur duquel se trouvait son inséparable dictaphone ainsi qu’un spray au poivre, juste au cas où… Elle n’était pas stupide au point de sortir sans un moyen de se défendre, même si connaissait quelques « trucs » pour calmer un agresseur, un spray était des fois bien plus efficace, le reste pouvait toujours suivre aussi, dépendamment de la situation.

Lynn suivit un groupe de copines déjà un peu éméchées tandis qu’elle rentrait dans la boite. En s’y aventurant seule, elle savait qu’elle risquait d’attirer l’attention de quelques prédateurs masculins qui venaient dans ce genre d’endroit uniquement pour une chose bien précise. Chose à laquelle elle ne s’intéressait pas forcément ce soir. Bien sûr elle appréciait de temps à autre de la compagnie masculine, s’amusait quelques fois, mais rarement dans des lieux comme l’Emerald Dragon. Enfin, c’était un risque à prendre et Lynn ne les craignait pas trop.

Elle resta cependant un peu plus longtemps dans le lobby, son regard ayant capté une discussion du côté de la sécurité, avec un personnage qui n’était pas inconnu au bataillon. Difficile pour une journaliste avec des intérêts comme les siens de passer à côté d’un homme comme celui qui s’était fait écarter un peu des clients de la boite. Elle avait d'ailleurs écrit un sujet sur lui et celui qu'il pourchassait depuis des années. Il n’avait rien d’un ripou mais sa réputation faisait trembler certains, rire d’autres, fascinaient quelques fois. Un homme intéressant et à l’histoire riche et sombre, Lynn était sûre qu’elle aurait encore beaucoup de choses à découvrir de ce détective à l’allure un peu inquiétante.

Lorsqu’il commença à s’éloigner, Lynn laissa trainer une oreille du côté du gars de la sécurité qui donna quelques ordres grâce à sa radio. Vu la description, il n’y avait presque pas de doute sur l’identité de l’homme à l’imperméable. Curieuse, comme toujours, Lynn s’éloigna de l’entrée pour s’engouffrer à son tour dans la boite où la musique fit vibrer ses tympans. Elle ne se rapprocha pas forcément de l’homme un peu inquiétant mais s’installa au bar, à une distance suffisante pour pouvoir observer un peu les alentours.

Un brouhaha infernal avait envahi les lieux. Lawrence n'y prêtait même plus attention, ses oreilles fatiguées avaient déjà été victimes de sonorités bien plus douloureuses. A peine rentré, il balaya la salle du regard en marquant une pause, un peu en retrait. Il ne remarqua rien d'anormal, mais prit soin de photographier les lieux de sorte à en comprendre la structure. Ces rares moments de lucidités lui étaient fort utiles sur le terrain, alors qu'il lui était nécessaire de se prémunir de ce genre de réflexes mémo-tactiques. 

Une dizaine de groupes de jeunes s'agitaient dans tous les sens en un mouvement aussi disgracieux qu'incontrôlé, la plupart braillant déjà tels des zouaves. Voilà qui donnait la nausée à Lawrence. De son temps, les jeunes savaient se tenir, et dieu qu'ils étaient meilleurs danseurs ! Il fait dire que les musiques de son temps étaient d'autant plus recherchées, travaillées et agréables que les sons déjantés et abrutissants d'aujourd'hui. La société avait bien changé, et encore une fois elle avait apposé sa marque pernicieuse sur les jeunes générations.

Quel monde de merde. Se dit Lawrence en son fort intérieur, son visage se transformant en une moue exaspérée, aigrie et renfrognée.

Il se déporta en direction du bar, auprès duquel il s'installa en faisant signe au barman de venir le servir. Une fois installé, il sortit son calepin et le feuilleta un moment, faisant abstraction de tout ce qui l’entourait. Il relut ses notes du mois, et en tournant les pages finit par retomber sur la photo de Melow Crosvà. Il la serra entre ses doigts moites et bosselés en la regardant d'un air absent. Il se sentait à nouveau plongé plongé dans le passé ...

Les premières lueurs de l'aube ne parvenait pas encore à percer l'obscurité établie autour de la ville. Une nuit calme et paisible, comme les autres. Longue et froide, malgré la saison. Dehors, personne n'errait plus dans les rues si ce n'était quelques badauds empaffés tous justes sortis de leurs fêtes quotidiennes. Un silence de mort, troublé à peine le sifflement aigu du vent contre les carreaux, et nullement par les bruits de pas étouffés d'une dizaines d'agents en noirs qui traversaient la route depuis un camion grisâtre garé en retrait de la maison Fear. Ni la police ni les médias ne découvrirent jamais comment comment ils avaient pénétré la demeure. Leur professionnalisme criant ne les avait pas habitués à commettre la moindre erreur, ce pourquoi ils avaient passé le système de sécurité sans problème et atteint la chambre du couple endormi sans même l'avoir réveillé. Ce qui avait réveillé en sursaut Madame Blanche, c'était les quelques coups étouffés qui venaient de frapper quelque chose dans la pièce d'à côté. Elle ne se doutait pas encore qu'il s'agissait des coups de feu silencieux qui venaient d'être à l'origine de la mort de ses patrons. C'est en apercevant un trop grand nombre de déplacements rapides, ombres mouvantes, depuis le pas de sa porte de chambre qu'elle comprit. Sans réfléchir, prise seulement par l'instinct protecteur dont elle était naturellement dotée, elle parcourut le couloir jusqu'à la chambre du jeune Lawrence, qu'elle prit dans ses bras au moment où un nouveau crachat de mort vient s’abattre sur elle, ravageant son dos de dizaines d’impacts aux teintes de pourpre sombre. 


Lawrence n'avait pas vu tout ça de ses propres yeux, il n'avait fait que l'imaginer, toutes les nuits de toutes les années qui avaient suivies le drame. Lui, qui était le seul survivant. L'héritier maudit de la famille Fear, incapable même de reprendre la société de ses parents. La culpabilité l'avait rongé des mois entiers, alors qu'il ne comprenait pas totalement ce qui s'était passé. Ce n'est qu'en grandissant qu'il se rendit compte qu'il n'aurait rien pu faire, et que la seule chose qui lui restait à faire était d'honorer ses parents et Madame Blanche, qui avait donné sa vie pour sauver la sienne. Voilà pourquoi il était devenu flic, pour venger la mémoire de ces personnes qui furent autre fois sa famille, et qui lui furent arrachées aussi sauvagement et froidement qu'en un seul éclat de violence pure et concentrée. Une nuit avait suffit à le briser. Mais pas à le tuer. Aujourd'hui encore, il se souvient du regard de l'assassin de ses parents. Lui qu'il soupçonnait depuis fort longtemps d'être un Crosvà, le père Crosvà. Sinon, pourquoi retrouverait-il en les yeux de Melow l'éclat malsain de cet homme qui tua Madame Blanche de sang froid ? Ça ne pouvait être qu'eux. Les Crosvà. Ce sont eux les responsables. Lawrence allait pouvoir se venger, et le premier chapitre de sa campagne dévastatrice venait de débutée en cette soirée de Janvier, alors qu'il avait prit connaissance de la position du fils Crosvà.

L'inspecteur fut tiré de ses rêveries par l'approche du barman qui venait prendre sa commande. Alors Lawrence releva doucement la tête, son faciès fendu en un large sourire carnassier. Ses yeux pétillants s'enflammèrent, tandis qu'il lança à son interlocuteur :

- Un Whisky !

Lynn commanda un verre de Vodka bleue, sa préférée, sucrée à souhait, et reprit son observation de la boite et ceux qui la fréquentaient. La plupart bougeaient au rythme de la musique se diffusant dans les haut-parleurs à un volume pas vraiment agréable. Enfin, elle ne pouvait s’attendre à autre chose dans une boite de nuit et au passage plaignit les membres du personnel qui devaient y passer plusieurs heures chaque jour. Ils devaient certainement avoir des problèmes d’audition avec le temps.  Ils seraient sourd bien plus tôt qu’elle, bien qu’elle ne le leur souhaitait pas, évidemment.

Son regard examina durant quelques instants l’entrée d’où affluaient encore des oiseaux de nuit qui venaient ensuite s’agglutiner aux danseurs déjà présents dans la boite. Elle quitta son observation pour reporter son attention sur l’individu remarqué un peu plus tôt du côté du lobby. Elle n’entendit pas sa commande au barman mais n’eut aucun mal à lire sur ses lèvres, l’inspecteur désirait un whisky. Lynn grimaça, se rappelant des paroles du gars de la sécurité. Tout ça couplé à la réputation du quinquagénaire formait un cocktail Molotov, qui pouvait à tout moment exploser. D’un côté, cela ferait sans doute un article assez sympa sur les mœurs de la police et ce que le chef Clane laissait passer. D’un autre, connaissant plus ou moins l’histoire de cet homme, Lynn n’avait pas forcément envie de lui imposer des problèmes supplémentaires. Et puis elle pouvait toujours changer d’avis en cours de soirée.

La journaliste se décida donc à quitter son siège, armée de sa vodka, pour venir s’asseoir aux côtés de l’homme à l’imperméable qui attendait son whisky. Elle l’observa durant quelques instants avant de prendre la parole.

- Vous êtes sûr que c’est bien raisonnable un whisky, Inspecteur Fear ?

Lawrence, après avoir perdu contact avec la réalité pendant un moment, sursauta quand sa commande arriva. Il grogna en guise de remerciement, puis rangea son calepin. Il prit le verre entre ses deux mains et se plongea dans une intense contemplation de son contenu. Il ne pensait à rien, en ce moment, et somnolait plus qu'autre chose, malgré la musique et les bousculades. Au bout d'un moment, la mélodieuse voix d'une jeune étudiante tinta à ses oreilles. Une jeune femme c'était rapprochée de lui, un verre à la main.

- Vous êtes sûr que c’est bien raisonnable un whisky, Inspecteur Fear ?

Il tourna alors la tête en direction de l'intruse, et haussa un sourcil. Son visage lui semblait familier, il devait déjà l'avoir rencontré quelque part, croisé en ville, ou en photo dans un journal ... Bref, il la trouva fort maquillée, et cela l’écœura davantage.

- Et vous, vous êtes sûre que c'est bien raisonnable de sortir seule et autant maquillée, dans ce genre d'endroit ?

Lawrence posa le verre qu'il avait récemment porté à ses lèvres et surenchérit.

- Les jeunes femmes de nos jours ne se rendent pas bien compte des risques qu'elles encourent une fois la nuit tombée, seules et sur-maquillées. Des baffes se perdent, mais je ne suis pas votre père.

De toute manière, Lawrence ne supportait pas les femmes maquillées. Il les trouvait bien plus belles sans artifices, et considérait le maquillage comme une stupidité de plus inventée par des hommes pervers jouant sur les complexes féminins pour se faire du fric sur leur dos. Tout dans la société l’écouterait, en fait. Il décida néanmoins de se calmer, et de la questionner de manière moins brutale, conscient de l'accueil peu chaleureux qu'il lui avait réservé.

- Vous êtes qui ?

En fait il se fichait de la réponse, il ne voulait pas vraiment savoir qui elle était, juste ce qu'elle voulait, de sorte à ce qu'il puisse écourter la conversation au plus vite. Tout au long de sa vie, il fit l'expérience d'une chose qu'il considérait maintenant comme une vérité générale : les jeunes n'avaient jamais rien d’intéressant à dire. Autrement dit, il les trouvait aussi puérils qu'inintéressants. Il ne s'attendait donc pas à une conversation hautement intellectuelle, ce qui avait dont de l'irriter. Avant même qu'elle ne parle, elle l'énervait déjà. Non pas qu'il était asocial, il n'aimait simplement pas la compagnie des gens telles que cette personne, qui parlaient pour parler et dont les sujets de conversations, déjà peu variés, ne menaient jamais à rien. Bref, toujours une perte de temps.

- Et vous, vous êtes sûre que c'est bien raisonnable de sortir seule et autant maquillée, dans ce genre d'endroit ? Les jeunes femmes de nos jours ne se rendent pas bien compte des risques qu'elles encourent une fois la nuit tombée, seules et sur-maquillées. Des baffes se perdent, mais je ne suis pas votre père.

Lynn haussa les sourcils. Autant maquillée ? Il n’avait pas du observer assez les autres jeunes femmes de la boite de nuit. Elle était consciente des risques, parfaitement consciente, ce n’était pas pour rien qu’elle avait sur elle de quoi se défendre, juste au cas où. Elle ne prit cependant pas la peine de répondre cela à son interlocuteur, devinant qu’il ne serait certainement pas convaincu par cette réponse, arguant que ce n’était pas assez. De son côté alors, elle ne pourrait s’empêcher de rétorquer et ils rentreraient dans un débat sans fin et complètement inutile. Cela dit, il n’avait pas entièrement tort, il y avait des jeunes filles et des jeunes femmes qui étaient bien trop imprudentes et irresponsables. Toutefois, elle n’en faisait pas partie, du moins pas dans ce cas-là.

- Vous êtes qui ?

- Lynn Ferguson, je suis journaliste.

La jeune femme ne s’attendait pas à être reconnue ou même que son nom dise quelque chose à l’inspecteur. Elle n’était pas connue, et pour le moment ça lui convenait, elle pouvait se faufiler partout avec bien plus de facilité grâce à cela.

- Et je me demandais ce qu’un inspecteur tel que vous faisait dans un endroit comme celui-ci ? Clairement pas vous noyer dans la masse, je fais un meilleur travail que vous à ce niveau-là, fit remarquer la jeune femme sans méchanceté aucune, vous n'êtes pas en quête d’une compagnie jeune et un peu éméchée non plus… Vous cherchez quelqu’un en particulier ? La personne apparaissant sur la photographie montrée à l’agent de sécurité là-bas peut-être ? demanda Lynn en désignant l’agent concerné d’un mouvement de tête.

Sans doute le portrait d'un suspect recherché par l'inspecteur. Sans doute pas son Artist il ne semblait pas à Lynn que quelqu'un soit en possession d'une photographie de ce serial killer, tout au plus un portrait robot. Et puis, Fear n'était plus censé être sur l'affaire, vu l'identité de l'une de ses victimes... Lynn plaignait d'ailleurs sincèrement cet homme qui ne pouvait plus participer à l'enquête et se venger de celui qui l'avait privé d'un proche.

- Je pourrais peut-être vous aider ? J'ai une mémoire à toute épreuves, lui assura la journaliste, se demandant si elle aurait droit à une réponse machiste ou pas.

- Lynn Ferguson, je suis journaliste. 

Effectivement cela ne disait rien à Lawrence. En revanche, comme tout flic qui se respecte, il tiqua au mot "journaliste". Il n'avait jamais apprécié cette catégorie de personnes qu'il appelait fort aisément "mouches à merde" ou bien "connards" lorsqu'il s'adressait à eux. Bref, ça commençait mal.

- Et je me demandais ce qu’un inspecteur tel que vous faisait dans un endroit comme celui-ci ? Clairement pas vous noyer dans la masse, je fais un meilleur travail que vous à ce niveau-là, vous n'êtes pas en quête d’une compagnie jeune et un peu éméchée non plus… Vous cherchez quelqu'un en particulier ? La personne apparaissant sur la photographie montrée à l’agent de sécurité là-bas peut-être ?

Voilà qui fit s'en vouloir à Lawrence. Il avait jugé la demoiselle trop vite. Ce qu'elle venait de lui faire remarquer était tout à fait vrai. De même, elle ne parlait pas comme toutes ces filles partout autour d'eux. Elle, elle semblait plus mature, voire presque intéressante. Elle avait éveillé la curiosité de l'inspecteur. Mais quand ce dernier entendit sa dernière demande, il ne la jugea plus intéressante. Mais dangereuse. Lawrence se demanda alors si elle l'avait suivi, puisqu'elle l'avait déjà repéré et observé à l'accueil, de même elle semblait être au courant de son activité ici, voire même plus. Sous-entendait-elle qu'elle connaissait la personne sur la photo ? Qu'elle savait que Lawrence traquait les Crosvà ? Peu probable. Et pourtant ... Cela ne rassurait pas Lawrence, qui rembrumit davantage son visage et fronça les sourcil. Peut-être même était-elle une Crosvà, ou l'une de leur complice. Il est déjà arrivé qu'ils aient des contacts dans le journalisme pour se couvrir, songea-t-il. Sa présence ici serait-elle une menace ? M'espionne-t-on ?


- Vous m'espionnez, demoiselle ?  Vous me menacez ?

Lawrence fixait la jeune femme d'une telle intensité que l'espace d'un instant, il se fit peur à lui-même. Puis, il sourit.

- Haha, suis-je bête, si vous saviez qui j'étais, vous n'auriez jamais commis la folie de venir me menacer de vive-voix. Il est donc peu probable que vous soyez une espionne en plus d'être une mouche à merde. Il fit une pause, le temps de boire une gorgée de sa boisson au parfum brutal. Je ne vous ai pas montré ma plaque, mais vous savez que je suis inspecteur. On se serait déjà croisés ?

Même si Lawrence se montrait toujours méfiant envers les journalistes, et les inconnus de manière générale, il était en ce moment-même persuadé de l'honnêteté de la journaliste. Il ne savait pas pourquoi, elle devait avoir une aura apaisante, quelque chose de tranquille. Il lui sembla alors l'avoir toujours connu, et ne plus avoir envie d'être hargneux à son égard. S'était-il rendu compte de son comportement face à une simple jeune fille ? S'était-il rappelé de son bon-sens qui lui ordonnait d'aider son prochain et pas de l'envoyer bouler dès qu'il se présentait à lui ? L'inspecteur se calma. Il raisonna de manière simple : il ne s'agit que d'une jeune femme, ça devrait bien se passer, elle n'a pas l'air bien méchante. De toute façon, si elle s'avère être une espionne, je lui briserais les os pour répondre aux menaces de ses employeurs.

Entouré (ou soutenu) par deux jolies blondes, suivi par un garde du corps, Robbie était en route pour continuer sa soirée dans un endroit avec un nom de mauvais film chinois sur la triade. En même temps, il planait totalement grâce à la drogue, profitant de cet état d'extase. Là, il était heureux, à l'abri des préférences d'un père et d'une mère injuste. Le premier n'en avait que pour sa pouf de sœur brune, la seconde préférait l'autre pouf brune. Pourtant c'était lui l'aîné, c'était lui l'élu, mais non...

Le blondinet aurait le pouvoir. Erin se vautrerait dans son lit pour en avoir la moitié. Joy suivrait sans doute le même chemin, peu soucieuse d'entretenir une relation incestueuse... et Julia profiterait des sous sans lever le petit doigt. Tous étaient des profiteurs. Tous étaient responsables de sa chute. Tous finiraient avec un contrat sur leur tête. Quand il aurait le courage et serait assez sobre pour se faire...

Et il consolerait ses parents, avant de les achever un soir. Il finirait en prison, mais il serait en paix. Oh oui...

Tous les tuer, murmura-t-il.

La blonde de droite lui demanda de quoi il parler. Il lui dit de se taire vite fait si elle ne voulait pas finir rouée de coups. Quelque peu effrayée, cette dernière déglutit difficilement avant de couler un regard en direction de sa collègue, prostituée. Elle la vit remuer la bouche pour mimer le terme argent. Il fallait subir... au pire Mary les vengerait. Elle le faisait toujours, n'hésitant jamais à rappeler à Robbie qu'il n'avait pas à les maltraiter. S'il n'avait pas été un Myers, elle l'aurait sans doute fait tuer...

De son côté, Robbie ne se souciait plus de ses compagnes. Il était parvenu au comptoir d'accueil où une divine créature était visible. Un sourire était dessiné sur ses lèvres... A quatre, ce serait sûrement plus drôle qu'à trois.

Eh beauté, admire mes bijoux !

Sans plus de cérémonies, Robbie baissa son pantalon et son caleçon avec des petits cœurs.

Ouvrez la cage au petit oiseau ! Il va s'envoler et butiner la jolie rose que tu es ! Oh oui... et on partira au huitième ciel grâce à la pilule du bonheur !


L'une des blondes voulut intervenir, mais l'autre l'arrêta avec un sourire aux lèvres. Avec un peu de chance, elles allaient profiter d'un spectacle humiliant pour le fils Myers... ce qui poussa d'ailleurs son garde du corps à soupirer. Son rôle était clair : intervenir si Robbie était en danger ou s'il s'apprêtait à tuer quelqu'un sans raison.

Reiken voyait les heures défilaient, il jeta un coups d'oeil à sa montre et fût surpris de voir qu'il était déjà 22h passé.

Lorsqu'il releva la tête il aperçut un homme entouré par deux jolies blondes, suivi par un garde du corps, encore un riche extravagant venant se pavaner dans un nightclub à moitié défoncé pour dépenser son fric à tour de bras. Il l'insulta intérieurement et le vit se rapprocher du comptoir de l'accueil, l'individu esquissa un sourire malicieux... Vue son état il allait surement faire une connerie, il était loin d'être net, par réflexe il dégaina son émetteur avant même que l'homme déglutit des mots tout droit sortie de l'alcool qui rongeait son estomac où de substance illicite, il avait du mal à distingué si c'était l'un ou l'autre le concernant, peut être les deux ? Il porta son émetteur devant sa bouche et sans se préoccupé des formalité signala l'individu en toute discrétion.

- PC Sécurité, ici Agent 1 , je signal un individu éméché entouré de deux filles et d'un garde du corps, je sens que ça va péter, envoyez un agent à l'accueil.

Il reçut une réponse positive du PCS et observa les faits et gestes de l'homme.

Eh beauté, admire mes bijoux !

A la suite de cette phrase hautement romantique l'homme baissa son pantalon et son caleçon avec des petits cœurs, Reiken ne voulait pas être à la place de ce type, pauvre de lui et celui-ci continua.

Ouvrez la cage au petit oiseau ! Il va s'envoler et butiner la jolie rose que tu es ! Oh oui... et on partira au huitième ciel grâce à la pilule du bonheur !


Reiken fit un signe de tête rassurant vers Lara qui était à l'accueil qui eut du mal à contenir son dégoût, et s'interposa entre elle et l'homme qui n'était pas dans son état normal.
Première chose à faire dans ce métier, la diplomatie, si aucune diplomatie n'était possible, alors il allait devoir donner une petite leçon à ce mec qui se croyait tout permis.

- Monsieur, veuillez remettre votre pantalon immédiatement je vous pris où je serais dans l'obligation de vous conduire en dehors de cet établissement et de contacter les forces de l'ordre, je pense que vous êtes au courant que c'est une atteinte à la pudeur ce que vous venez de faire. puis son regard se tourna vers le garde du corps.

- Vous voyez bien que votre employeur n'est pas dans son état normal, je vous conseillerais de prendre soin de lui et de le ramener au plus vite, ainsi que ces deux jeunes filles.

Il avait dit tout cela sur un ton calme et posé, avec une certaine détermination dans le regard et de la confiance, il n'avait pas peur, il connaissait ce genre d'individu, c'était un cas assez courant, bien que ce soit à chaque fois dangereux du fait que la personne pouvait être imprévisible à tout moment.

- Vous m'espionnez, demoiselle ?  Vous me menacez ?

Lyn fronça les sourcils face à la mention de menace et lui rendit un regard méfiant tandis qu’il la fixait avec intensité. Elle se demanda s’il finirait par tendre les mains vers elle et tenter de l’étrangler, poussé par son esprit un peu trop paranoïaque, accentué par un état d’ébriété qui ne s’améliorerait pas avec son verre de whisky. Mais il finit par sourire et elle se détendre un peu plus.

- Haha, suis-je bête, si vous saviez qui j'étais, vous n'auriez jamais commis la folie de venir me menacer de vive-voix. Il est donc peu probable que vous soyez une espionne en plus d'être une mouche à merde. Je ne vous ai pas montré ma plaque, mais vous savez que je suis inspecteur. On se serait déjà croisés ?

- Je vous ai déjà croisé, je n’ai cependant jamais eu l’occasion de me présenter, voilà qui est réparé, répondit la jeune femme avec un sourire avant de boire une gorgée de sa vodka colorée et en ne prenant pas ombrage de la manière dont son interlocuteur décrivait son travail. Elle avait entendu pire. Et effectivement, je ne vous menace pas. Je ne vous espionne pas non plus. Pour être franche, je ne m’attendais pas à vous croiser dans un endroit tel que celui-ci.

Elle aurait visé plutôt un bar assez obscur, installé dans un coin reculé et enfumé. Voire même son propre domicile, pour être sûr de ne pas être déranger par qui que ce soit. L’attention de la journaliste fut attirée ensuite par un spectacle assez unique, se déroulant dans le hall d’entrée. L’un des héritiers fortunés de la ville, entouré de deux jeunes femmes au look qui ne trompait personne, faisait une séance d’exhibitionnisme gratuite pour la blonde de l’accueil. L’homme était connu, que ce soit de la police ou des tabloïds.

- Je pensais plutôt croiser ce genre d’individus. Juste… pas dans ce genre de situation.  

Lynn aurait pu abandonner son interlocuteur durant quelques instants pour immortaliser cette vue qu’elle ne désirait plus jamais « admirer » mais ce genre d’image n’était pas vraiment un scoop, vu la réputation du fils Myers. Et elle ne courrait pas après ce genre d’infos. C’était de notoriété publique que cet homme n’était pas fréquentable. Cependant si on le laissait agir impunément, dans ce cas-là, elle pourrait s’en mêler. En attendant… c’était le problème et le travail des agents de sécurité. Lynn surveillerait juste de loin si ce travail était bien fait.

- Bref, reprit-elle en reportant son attention sur l’inspecteur. Vous n’avez pas répondu à ma question, à laquelle j’en ajoute une, au passage. Déformation professionnelle, désolée. Vous pensiez que j’étais une espionne ? A la solde de qui pourrais-je vous espionner ?

Hélas, le petit oiseau rata son envol lorsqu'un truc vint s'interposer entre lui et sa proie. Robbie posa un regard assassin sur l'emmerdeur afin de lui faire comprendre qu'il dérangeait. A la place d'une retraite, il eut droit à des remontrances et à un rappel à la loi. Sa soirée était en train d'être gâchée, ce qui risquait de s'achever là où il finissait souvent quand il ne voulait pas s'arrêter en cours de route.

- Monsieur, veuillez remettre votre pantalon immédiatement je vous pris où je serais dans l'obligation de vous conduire en dehors de cet établissement et de contacter les forces de l'ordre, je pense que vous êtes au courant que c'est une atteinte à la pudeur ce que vous venez de faire.

Humiliation suprême, l'individu détourna son regard pour aller fixer celui de son garde du corps.

- Vous voyez bien que votre employeur n'est pas dans son état normal, je vous conseillerais de prendre soin de lui et de le ramener au plus vite, ainsi que ces deux jeunes filles.

Blablabla, marmonna Robbie. Je suis assez réveillé pour que tu me causes le connard ! Et ils ont pas intérêt à me toucher sinon vont avoir de mauvaises surprises. Je peux leur pourrir la vie, c'est moi le patron, je décide ce que je veux... Alors casse-toi et laisse moi...

Une main se posa sur son épaule, celle d'une des blondes.

Allez ramène-toi, on peut continuer à l'hôtel.

Il se retourna vers la jeune femme avec lenteur pour la fixer un instant. Son doigt se posa sur sa bouche, puis il reprit.

Ce mec m'a manqué de respect. Je dois lui expliquer....

Robbie reporta son attention sur l'individu, prêt à en découdre sauf que son demi-tour lui fit perdre l'équilibre. Il s'écroula à moitié sur le sol, puis se mit à pleurer comme un bébé sous le regard blasé de son garde du corps.

Papa, il est méchant avec moi. Il aime que la pute blonde et la brune... et maman elle préfère l'autre pute brune... Personne ne m'aime...

Je m'en occupe, annonça le garde du corps. Désolé pour le dérangement, mais j'ai des ordres.

Reiken savait très bien que ça pouvait tourner mal à tout moment et peu importe si cette personne était riche, importante ou quoique ce soit d'autre, il n'allait pas s'abaisser devant une liasse de billet et encore moins devant le pénis d'un fils à papa.
Il marmonna encore des débilité profonde dont il n'était surement pas conscient où alors il cherchait les ennuis, dans les deux cas ça n'allait pas arranger son cas.

Blablabla Je suis assez réveillé pour que tu me causes le connard ! Et ils ont pas intérêt à me toucher sinon vont avoir de mauvaises surprises. Je peux leur pourrir la vie, c'est moi le patron, je décide ce que je veux... Alors casse-toi et laisse moi...

Reiken vit qu'une des blonde tenta de le persuader d'arrêter ses bêtises, il savait que c'était un effort futile de la part de cette fille de joie, rien ne pouvait raisonner quelqu'un de ce genre à part une nuit de sommeil, quelques cachetons ou alors un coups de poing bien placé.
Il crut pendant un instant que ce mec allait en venir aux mains avec cette fille, heureusement il ne fit rien de déplacé, à part argumenter les faits et encore ...

Ce mec m'a manqué de respect. Je dois lui expliquer....

Reiken esquissa un sourire provocateur, si il cherchait les ennuis il était au mauvais endroit, bien entendu il devait attendre que celui-ci porte le coups en premier, quand il le vit se retourner pour lui faire face celui-ci tituba et s'écroula au sol, pleurant comme un gamin.

Papa, il est méchant avec moi. Il aime que la pute blonde et la brune... et maman elle préfère l'autre pute brune... Personne ne m'aime...

Il fût assez surpris de ce spectacle et se rendit compte que ce n'était rien de plus qu'un type totalement perdu dans ce monde de fou, le dégout qu'il avait pour lui se transforma le temps de quelque secondes en pitié, il soupira et recula en faisant signe au garde du corps.

Je m'en occupe, lui dit-il Désolé pour le dérangement, mais j'ai des ordres.

- Pas de problème, la prochaine fois faites plus attention à lui et raisonner le avant qu'il ne fasse des choses qu'il pourrait regretter. Si je le revois un jour dans cet établissement avec le même comportement, vous êtes sûr que je préviendrais les flics. son ton était sérieux et grave, limite menaçant, il marqua une pause et rajouta.

- Sur ce je vous souhaite une bonne soirée, au revoir.

Reiken se tourna vers Lara à l'accueil, il posa une main réconfortante sur son épaule et la réconforta du mieux que possible, c'était la première situation de ce genre qu'elle vivait, d'habitude son Agent préféré arrivait à contenir ce genre d'énergumène en dehors de l'établissement et à vrai il n'y avait pas encore eu "d'exposition" de ce genre à la vue de tous, c'était une première.