19 janvier 2013
12h
Little Italy
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Izzy avait profité de sa pause déjeuné pour retourner à son petit appartement et prendre une douche. Une course poursuite le matin-même l'avait mis en transpiration et le fait d'être en hiver et de porter un manteau très chaud faisait qu'il était trempé.

Une chemise proche et une dose d'eau de toilette plus tard, Izzy était nettement plus présentable. Il fouilla dans son réfrigérateur pour retrouver le reste de poulet sauce cacahouète qu'il savait détenir. Une quart d'heure plus tard, son repas finit, avec un excellent timing, son téléphone portable sonna. Sans attendre, il décrocha.

- Morgan! s'anonça-t-il succinctement.

- Un incendie a été signalé à Little italy. Les pompiers viennent de nous signaler avoir retrouver un corps, signala la voix d'une opératrice.

- Je m'en occupe, répondit le jeune sergent en raccrochant.

Sans perdre de temps, il jeta sa vaisselle sale dans l'évier et fixa sa plaque et son arme de service à sa ceinture. Il enfila son manteau en dévalant les escalier de son petit immeuble. L'opératrice venait de lui envoyé les coordonnées de l'incendie sur son smartphone. C'était à l'autre bout du quartier. Au heures de midi la circulation était étrangement assez fluide. Il prit donc sa voiture pour rejoindre le lieu du sinistre.

Des officiers de police avaient déjà bouclé le périmètre et recueillaient les premiers témoignages des locataires de l'immeuble. Izzy montra sa plaque et passa sous les rubans jaunes. Il se dirigea vers le chef des pompiers.

- Sergent Morgan, se présenta-t-il. L'incendie est maîtrisé?

- Commandent Drovky. Oui le feu est maîtrisé. Je vais laisser trois de mes hommes au cas où un foyer couverait encore.

Izzy le remercia et suivit les indications pour rejoindre l'appartement sinistré sans gêner les travail de tout un chacun. Les flammes avaient envahi la cuisine et une bonne partie de la pièce de séjour. Le plafond était noir et dégoulinant d'humidité. Le jeune homme eut une pensée émue pour ses chaussures neuves désormais baptisées. Il se dirigea vers le médecin légiste agenouillé devant la forme noircie d'un cadavre.

- Premières constatations, doc? demanda-t-il en guise de salut.

- Il est mort, répondit le légiste avec cet humour particulier développé par lui et ses collègue. Plus sérieusement, c'est un individu de sexe masculin, adulte. A première vue je dirait entre 20 et 50 ans. Il était visiblement encore en vie au moment ou le feu a pris. On voit plusieurs traces faites avec un objet tranchant mais aucune mortelles. Il faut attendre que je l'examine pour en savoir plus.

Izzy nota ces premières informations sur son carnet et laissa l'équipe médico-légale procéder à la levée du corps. Il fit un rapide tour des lieux pour constater qu'il n'y avait pas eu d'effractions. Il ressortit de l'immeuble et inspira avec joie l'air frais. Il allait demander l'avancement des recherches à l'inspecteur présent quand quelqu'un le héla.

Grâce à son système de surveillance des ondes de radios policières qu’elle avait bidouillé durant des jours et des jours bien avant d’arriver en ville, Lyn avait perçu une information qui ne tomba pas dans l’oreille d’une sourde. Elle qui enquêtait sur le crime à New York, cet incendie possiblement volontaire ferait un bon nouvel exemple à insérer dans son article en court d’écriture, mais plus probablement il finirait dans les pages du journal du lendemain.

Ce qu’elle avait entendu lui offrait seulement quelques informations, la nature de l’incident, un ajout concernant le possiblement volontaire, ainsi que l’adresse située à Little Italy, ce qui ne l’étonna guère. Soudainement pressée, Lynn s’arma de son sacs, de son carnet et stylos, ses clés de voiture et empocha son dictaphone miniature et quitta son appartement légèrement en désordre. Il faudrait qu’elle prenne le temps de le ranger un peu ce soir…

Elle rejoignit rapidement le lieu  l’incendie et se gara à une rue de là. Sa carte de presse ne lui permit pas de dépasser le ruban jaune de sécurité et la jeune femme pesta intérieurement face à cet obstacle. L’idée de payer un gamin pour occuper l’officier chargé de l’entrée de l’immeuble lui traversait l’esprit quand elle aperçut un homme aux airs d’inspecteur faire son apparition, tout droit sorti de la scène du crime.

Lynn pencha la tête, ne le reconnaissant pas immédiatement. Sans doute un nouveau venu dans la police de New York, ou alors un officier récemment promu à qui elle n’avait pas fait attention jusque-là. Quoiqu’il en soit, il semblait être le plus gradé du coin, la journaliste enclencha son dictaphone toujours placé dans sa poche et haussa alors la voix, s’adressant à l’homme à la coiffure pourtant inoubliable.

- Excusez-moi ! Inspecteur ? Rapidement elle chercha des yeux sa plaque pour la trouver à sa ceinture, la renseignant au passage du grade de son futur interlocuteur. Oh Sergent, excusez-moi, corrigea la jeune femme avec un sourire charmant. Je m’appelle Lynn Ferguson, je suis journaliste pour le New York Daily News. Puis-je vous demander la raison de votre présence ici ? Craigniez-vous une implication criminelle ?

- Excusez-moi ! Inspecteur ?

Izzy se tourna vers la source de l'interpellation. Une jeune femme qui devait avoir, à vue de nez, le même âge que lui. Elle ne semblait absolument pas appartenir aux forces de police. En voyant son carnet, fermement tenu, il put immédiatement la casé dans la catégorie "médias". Il pesta intérieurement. Le mot d'ordre avec la presse était de ne surtout pas se les mettre à dos, sans pour autant les laisser compromettre les affaires.

Izzy n'aurait eu aucun mal à envoyer balader un de ces gros journalistes à moustache, en imper sale sentant la fumée froide. Seulement, ce n'était absolument pas un gros journaliste à moustache mais une ravissante jeune femme. Après tout, informer une journaliste de la découverte d'un corps n'était pas interdit. Il s'approcha d'une démarche souple.

- Oh Sergent, excusez-moi. Je m’appelle Lynn Ferguson, je suis journaliste pour le New York Daily News. Puis-je vous demander la raison de votre présence ici ? Craigniez-vous une implication criminelle ?

- Mais vous êtes toute pardonnée, répondit-il en lui rendant son sourire. Je suis le Sergent Izzy Morgan.

Il releva le bandeau jaune qui délimitait la scène du sinistre et passa dessous. Une fois du même côté que la journaliste, il décida de lui en dire assez pour un article, mais sans trop se mouiller quand-même.

- Les causes de l'incendie ne sont pas encore connues. Il faudra attendre l'enquête des pompiers pour le savoir. J'ai été appelé car le corps d'un homme a été retrouvé, calciné. Pour l'heure notre légiste n'a pu qu'estimer son âge, entre 20 et 50 ans. Mais le corps présente des blessures faites par un objet tranchant.

Izzy regarda la sortie de l'immeuble. Au milieu des pompiers, l'équipe médico-légale portait un brancard sur lequel reposait un sac mortuaire.

- D'après la boîte aux lettres, l'appartement est celui de Jeff et Cindy Volvik, mais on ne sais pas s'il s'agit de notre mort. Je n'en sais pas vraiment plus, finit-il d'un air contrit.

Au même moment un SMS du commissariat lui apprenait que Jeff Volvik n'était pas allé au travail ce matin. Izzy devait maintenant avoir la certitude de l'identité du mort et retrouver sa femme. Lui annoncé que son appartement était inhabitable et, dans le pire des cas, la mort de son mari.

Le  sergent se présenta à lui. Effectivement, il devait être nouveau dans le coin, ou bien elle n’avait vraiment pas eu de chance, il semblait plutôt ouvert à la discussion contrairement à certains de ses collègues. Avec attention, Lynn écouta la présentation des faits, version Sergent Morgan. Grâce à lui elle obtint un détail qu’elle trouva important, elle le nota mentalement le temps qu’il termine ses explications avec un air contrit. La journaliste y répondit avec un sourire compréhensif. Elle se trouvait déjà chanceuse d’avoir à faire à cet officier plutôt sympathique qui ne l’envoyait pas balader d’une insulte ou d’une bousculade.

- Je vous remercie pour ces informations, Sergent Morgan, c’est rare de rencontrer des policiers si ouverts à la liberté d’expression. Par contre, j’ai noté un détail dans ce que vous m’avez dit, la présence de blessures par objet tranchant ? Elles doivent être assez profondes pour être notées sur un corps calciné, n’est-ce pas ?

Tout en parlant, la jeune femme repensait à d’autres cas d’incendie dont l’origine criminelle ou non restait à prouver. Mais il semblait qu’il s’agissait plus d’un acte volontaire, plusieurs éléments récurrents ayant été trouvés et/ou notés durant l’enquête que Lynn avait suivi de près, évidemment. Il y avait ces blessures par arme blanche ou autre, la victime de sexe masculin, se trouvant toujours dans la cuisine, non loin d’un ustensile de cuisine, responsable de l’incendie. Un bon moyen d’effacer ses traces et faire passer les choses pour un accident, pensa la jeune femme. Cependant elle pensait qu’il y avait un couac, un moyen de trouver le responsable.

- Ces marques me rappellent d’anciens cas, similaires à celui-ci, ils ne sont pas nombreux, heureusement. Monsieur Volvik a-t-il été retrouvé dans la cuisine ? Je vous parie mon salaire que l’incendie a été provoqué par de l’huile bouillante et que votre victime est décédée bien avant d’avoir pu souffrir de brûlures.

Elle en était presque sûre, surtout si elle pariait son salaire, mais Lynn aurait préféré en être certaine. Pour cela, elle pouvait encore continuer sa nouvelle petite enquête de son côté, comme les deux dernières fois. Il lui avait fallu un peu de temps pour relier les incendies, les victimes et déterminer leurs points communs. Mais lorsque ce fut chose faite, la journaliste rendit visite aux veuves moyennement éplorées et plutôt nerveuses. Elle discuta également aux voisins. Elle avait appris de ces derniers  que tout n’était pas rose dans la vie des couples concernés, disputes et compagnie, l’une d’entre elles même se faisait battre par son mari.

Ainsi, la prochaine étape voudrait logiquement qu’elle s’intéresse à Madame Volvik et son voisinage. Elle préférait s’en charger seule, parler de femme à femme entrainait de biens meilleurs résultats que si un homme s’en chargeait. Pourtant, Lynn hésitait, le sergent face à elle avait été généreux et lui avait permis d’arriver à cette conclusion. Elle pouvait également se tromper cela-dit, mais son instinct lui disait le contraire. Elle tenait une piste. Et elle pouvait toujours en faire profiter son interlocuteur selon ses prochaines réponses.

- Accepteriez-vous que je vous accompagne auprès de Madame Volvik ? J'ai un diplôme en psychologie et puis une présence féminine pourrait vous aider, s’empressa de rajouter la jeune femme en mentant légèrement et adressant un sourire charmant au sergent de police.

Un petit mensonge, vraiment. Cette formation elle l'avait faite à distance, en parallèle de ses études de journalisme. Ses premiers cours sur la psychologie l'avait fascinée, elle avait donc décidé de s'y intéresser plus en profondeur pour arriver finalement à se lancer dans ces études à distances. Elle ne les regrettait pas. Même si le diplôme n'avait pas la même valeur que celui de NYU ou Columbia, le savoir était présent et l'avait déjà aidé à de nombreuses reprises.

- Je vous remercie pour ces informations, Sergent Morgan, c’est rare de rencontrer des policiers si ouverts à la liberté d’expression. Par contre, j’ai noté un détail dans ce que vous m’avez dit, la présence de blessures par objet tranchant ? Elles doivent être assez profondes pour être notées sur un corps calciné, n’est-ce pas ?

- Autant donner des informations vraies à la Presse plutôt que de retrouver des déductions hasardeuses et foireuses parce que le journaliste ne savait pas quoi écrire, expliqua-t-il en rigolant.

Izzy apprécia la vivacité de la journaliste. Des questions pertinentes, voilà ce qui faisait défaut à bien des policiers.

- Oui les blessures sont assez profondes et on les voit clairement sur les rares portions de chaires épargnées par les flammes.

- Ces marques me rappellent d’anciens cas, similaires à celui-ci, ils ne sont pas nombreux, heureusement. Monsieur Volvik a-t-il été retrouvé dans la cuisine ? Je vous parie mon salaire que l’incendie a été provoqué par de l’huile bouillante et que votre victime est décédée bien avant d’avoir pu souffrir de brûlures.

- C'est aussi ce que je pense, approuva Izzy. Mais je n'ai pas encore le droit de tirer un parallèle avec ces autres affaires tant que le rapport d'enquête des pompiers n'est pas terminé. Il peut aussi bien s'agir d'un imitateur. Et sans les conclusions officielles du légiste, je n'ai pas le droit d'avancer la cause de la mort.

Il était bien conscient que l'obligation d'avoir des certitudes était principalement ce qui retardait de nombreuses enquêtes. Mais ce système avait été mis en place pour éviter bon nombre de bavures.

- Accepteriez-vous que je vous accompagne auprès de Madame Volvik ? J'ai un diplôme en psychologie et puis une présence féminine pourrait vous aider.

La proposition surprit Izzy. D'habitude les journaliste s'empressaient, une fois les informations soutirées, d'aller écrire leur papier et ensuite de harceler les témoins. Cette Lynn Ferguson était-elle différente des vautours habituels des journaux du matin?

Il était très tenté d'accepter. Tout d'abord, annoncer un décès n'avait jamais été facile pour lui et y aller seul était encore plus dur. Et puis, si elle l'accompagnait, il y aurait une personne de plus pour observer. Est-ce que la surprise de l'épouse était réelle, semblait-elle triste, soulagée, victorieuse. Était-ce de la comédie ou non. Une seule personne peut laisser passer des indices. Lynn Ferguson semblait intelligente et vive donc apte à analyser ce genre de chose.

- C'est une proposition surprenante, mais je dois vous avouer que j'accepte volontiers. Ce n'est pas l'aspect de mon travail que j'apprécie le plus. Par contre vous viendrai en tant que consultante. Je doute que Madame Volvik apprécie de voir débarquer la police avec la Presse. Par contre, je dois attendre la confirmation de l'identité du coprs. Ça ne devrait pas être très long.

L’inspecteur Morgan confirma la présence de marques profondes, ce qui pouvait effectivement se relier à d’autres incendies précédents. Son interlocuteur sembla être d’accord avec elle sur ce point mais restait prudent, comme tout bon policier, et préférait attendre le rapport d’enquête des pompiers et l’autopsie du légiste. Il mentionna l’idée d’un imitateur, mais Lynn ne penchait pas vraiment pour cette possibilité-là. On imitait les meurtriers connus, ceux qui portaient un nom qui faisait quelque fois frissonner, mais rarement quelqu’un dont on ne confirmait pas encore l’existence.

Pour ce qu’elle pouvait en conclure, c’était probablement une femme qui cherchait à cacher ses faits par le feu. Probablement pas l’épouse. Plutôt quelqu’un d’assez jeune, pour avoir la force d’atteindre les os et y laisser des marques visibles, qui avait une dent contre les hommes et uniquement les hommes. Peut-être a-t-elle été violentée par le passé, par une figure paternelle ou un petit ami abusif,… Lynn ne pouvait que faire des suppositions qu’elle gardait pour l’instant pour elle.

En attendant elle obtint une réponse à sa proposition :

- C'est une proposition surprenante, mais je dois vous avouer que j'accepte volontiers. Ce n'est pas l'aspect de mon travail que j'apprécie le plus. Par contre vous viendrai en tant que consultante. Je doute que Madame Volvik apprécie de voir débarquer la police avec la Presse. Par contre, je dois attendre la confirmation de l'identité du corps. Ça ne devrait pas être très long.

- Bien sûr, je comprends, répondit la jeune femme avec un sourire. En attendant, devez-vous restez sur la scène de l’incident jusqu'à obtenir ces résultats ou bien avez-vous l’occasion de m’offrir un café ? Demanda Lynn avec un sourire charmant.

- Bien sûr, je comprends.

Izzy était content que la jeune femme ne soit pas de ces journalistes sans scrupules qui n'hésitaient pas à harceler les victimes.

- En attendant, devez-vous restez sur la scène de l’incident jusqu'à obtenir ces résultats ou bien avez-vous l’occasion de m’offrir un café ?

Izzy lui rendit son sourire et passa mentalement en revue les choses qu'il pouvait encore faire. À part attendre justement ces résultats, son champs d'action était nul. L'option du café était donc très attirante.

- La machine est en marche, je n'ai donc plus qu'à vous inviter! Vous avez une préférence pour le lieu? Je connais un petit restaurant italien à deux rues d'ici qui sert un délicieux café.

Izzy se garda bien de préciser que le-dit restaurant lui servait aussi de cantine quant il était trop débordé pour cuisiner.

Reprenant une dernière fois son rôle de Sergent, il se tourna vers les policiers qui surveillait la zone.

- Vous me dressez la liste des résidents présents au moment du sinistre. Si Cindy Volvik se pointe, retenez-là et prévenez-moi sans tarder.

Il se désintéressa de l'officier pour un sujet nettement plus intéressant, à savoir Lynn Ferguson et son charment sourire.

- Je suis tout à vous.

- La machine est en marche, je n'ai donc plus qu'à vous inviter! Vous avez une préférence pour le lieu? Je connais un petit restaurant italien à deux rues d'ici qui sert un délicieux café.

- Ca me convient parfaitement, répondit la journaliste avec un sourire.

Les cafés italiens faisaient partie de ses préférés, le sergent lui faisait donc une proposition qu’elle ne pouvait refuser. En silence, Lynn observa le sergent Morgan donner ses ordres, clairs et concis, provoquant un nouveau sourire chez la jeune femme. Ce dernier s’agrandit lorsque son interlocuteur se tourna vers elle.

- Je suis tout à vous.

- Et moi tout à vous.

Lynn s’écarta pour laisser le sergent montrer le chemin et lui emboita le pas tout en rangeant son carnet de note dans son sac. Elle faisait une pause et mettait donc le travail de côté. Chose qu’elle montrait de manière visible à son compagnon de route, histoire de lui faire comprendre que la côté professionnel était en retrait. Avec l’expérience, Lynn avait appris à se comporter de cette manière. Si elle voulait pouvoir se rapprocher des gens, surtout les plus suspicieux, elle devait marquer la différence entre son côté journaliste et le reste.

Tout en marchant vers l’endroit où la menait le sergent, Lynn reprit la parole sur un ton léger.

- Je ne vous avez jamais vu par le passé, Sergent, vous êtes à New York depuis longtemps ?

Elle se serait souvenue de lui et de sa coupe de cheveux inoubliable. Enfin, New York était grand et en deux ans elle n'avait sûrement pas rencontré tous les policiers de la Grande Pomme. Mais il n'avait pas l'accent du new yorkais de souche, et puis il fallait bien commencer par quelque part pour faire connaissance.

- Et moi tout à vous.

Sans trop savoir pourquoi, Izzy trouva cette réponse euphorisante. En s'éloignant du lieu de l'incendie, il laissa derrière lui le policier. Du coin de l’œil, il constata que Miss Ferguson semblait faire de même, en rangeant son calepin. Il était content de cette parenthèse, bien qu'il sache qu'on ne cessait jamais vraiment d'être journaliste de la même façon que son côté policier ne restait jamais vraiment en retrait.

- Je ne vous avez jamais vu par le passé, Sergent, vous êtes à New York depuis longtemps ?

- Je suis arrivé à New York il y a trois mois seulement, avoua-t-il. Avant, je sévissais dans le corps de police de Boston. Mais je vous en prie, appelez-moi Izzy, continua-t-il.

Ils arrivaient devant le restaurant. La façade ne payait pas de mine, mais derrière la peinture écaillée du nom, La Montes Trattoria faisait les meilleurs cannelloni de Little Italy et un tartufo inoubliable.

Izzy guida Miss Ferguson vers une table proche de la vitrine, surmontée d'une peinture représentant la tour de Pise. Il commanda leur boissons et reporta son attention sur son invitée.

- Et vous, vous êtes une New-yorkaise de souche ou bien vous êtes aussi exilée?

Le sergent… Non, Izzy était récemment arrivé à New York, trois mois seulement. Il devait sans doute être encore un peu perdu dans la Grande Pomme. Il venait de Boston, endroit que Lynn n’avait pas encore visité. En même temps, elle n’avait que peu voyagé encore. Un jour peut-être… Leur discussion les mena rapidement au restaurant choisi par le sergent, d’emblée le décor plut à Lynn qui suivit son guide jusqu’à leur table. Après la commande de leurs cafés, son interlocuteur l’interrogea à son tour.

- Et vous, vous êtes une New-yorkaise de souche ou bien vous êtes aussi exilée?

- Je suis une exilée aussi, répondit la journaliste. Je viens du New Jersey, mais mon côté aventureux et ma passion pour le journalisme m’ont emmenée jusqu’ici. Ca fait quatre ans maintenant que je suis arrivée à New York, et je n’ai jamais regretté une seule fois ma décision.

Bien sûr, la ville avait des côtés sombres et hébergeaient des gens bien peu recommandables voire dangereux, de quoi se révolter à la pelle, mais Lynn aimait New York qu’elle considérait comme sa ville d’adoption. Elle s’y plaisait tellement qu’elle ne retournait presque jamais voir ses parents, à leur grand désespoir. Elle leur avait promis de les visiter bientôt pourtant…

- Qu’en est-il de vous ? Comment se passe votre nouvelle vie dans la Grande Pomme ? Boston ne vous manque pas trop ? Votre famille, vos amis ? Aucun regret ?

Pour elle, déménager ça n'avait pas été difficile, un soulagement même. Mais Lynn savait que pour d'autres ce n'était pas aussi évident. La famille pouvait retenir, des proches aussi, amis, petits amis, etc... Les raisons pour ne pas s'éloigner étaient nombreuses et variées. Et tout en parlant elle se rendit compte qu'en quelques secondes elle venait de poser cinq questions. Déformation professionnelle...