Lundi 7 janvier 2013
2h du matin
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Après l’intervention visant à implanter une micro-puce dans la cage thoracique de la nouvelle novice de l’INITIATIVE, Leah avait fait transporter la jeune femme, encore sous anesthésie générale dans l’endroit où se déroulerait sa première leçon. Elle ne commencerait pas avec le combat à main nues, la marine maitrisait bien assez pour l’instant, l’infiltration restait la priorité. Ce serait sans doute une leçon moins violente que celle qu’elle avait connu à son arrivée dans l’organisation, mais elle pouvait être marquante, tout dépendant de la personnalité de la novice concernée.

Leah s’était arrangée avec Mary, tenancière d’une boite de striptease et plus si affinité, avec qui l’INITIATIVE travaillait de temps à autres, pour y passer un peu de temps avec sa nouvelle « amie ». Rien de mieux pour rentrer dans le monde de l’infiltration que de commencer par ce genre de milieu où il fallait ranger ses vêtements et son amour propre au placard. D’ailleurs, Leah avait ôté les vêtements de la marine blonde et les avait remplacés par presque rien, un uniforme en cuir reluisant et noir, composé d’un minuscule short, d’un top moulant et de bottes longues. Et évidemment, une jolie casquette en cuir. Elle l’avait également maquillée comme l’aurait fait une professionnelle et attendait désormais son réveil.

La spécialiste se demanda à quel réveil elle aurait droit, justement. Quelle question traverserait en premier les lèvres de la blonde. Elle n’aurait que peu de temps pour l’interroger, car Leah avait programmé une soirée très spéciale pour sa jeune recrue…

- Je doute que ce soit une leçon de combat.

- Bonne observation.

- Qu'est-ce que je suis censée faire dans cette tenue ? Chauffer des mâles en chaleur ?

- Entre autre, répondit Leah  avec un sourire amusé.

La jeune novice ne tournait pas autour du pot et son langage un peu cru plaisait à son ainée. Elle se demandait d’ailleurs s’il lui servirait ou, au contraire, lui apporterait des ennuis.  Sûrement un peu des deux, tout dépendait des missions qui lui seraient attribuées. Curieuse, Leah était impatiente de la voir accomplir sa première leçon dans son domaine de prédilection.

- Tu vas te produire devant un public d’habitués de ce lieu charmant. Ils s’attendent à de la qualité, mieux vaut ne pas les décevoir… Fais ce qu’il faut pour obtenir trois cent dollars de pourboire en liquide.

C’était un objectif un peu élevé, mais réalisable, il fallait simplement être prête à se frotter d’un peu plus près à un type d’hommes bien spécifique. Un peu d’observation était utile dans ce genre de cas, repérer les hommes riches offrait un raccourci considérable, tant qu’on était prête à oublier sa dignité et laisser les mains baladeuses puant le cigare malaxer sa peau rarement avec douceur.  

- Des questions ?

- Tu vas te produire devant un public d’habitués de ce lieu charmant. Ils s’attendent à de la qualité, mieux vaut ne pas les décevoir… Fais ce qu’il faut pour obtenir trois cent dollars de pourboire en liquide.

Si son visage ne traduisit aucune émotion, son for intérieur grimaça face à la réponse de Leah. Ruby aurait préféré une leçon de combat, nettement moins dégradante que l'exercice auquel elle allait devoir se plier. Néanmoins, il n'était pas question de se défiler, mais de puiser assez de courage pour accomplir la tâche demandée. Qui plus est, ce serait nettement moins douloureux que certains exercices auxquelles la jeune fille avait dû se plier du temps de son engagement chez les marines.

- Des questions ?

- Aucune. Je prendrai juste une douche à la sortie, si c'est possible.

Ruby esquissa un sourire en coin avant de se jeter dans l'arène. Une blonde la guida jusqu'à un rideau, puis la poussa gentiment sur la scène. Les souvenirs des concours de beauté revinrent en mémoire à la jeune fille, qui esquissa un large sourire à l'intention d'un public essentiellement masculin. Aucun beau mâle ne semblait s'être perdu par ici, ce qui ne manqua pas de la décevoir un peu...

Pendant quelques secondes, Ruby se chercha n'étant pas forcément des plus à l'aise avec cet exercice. Si séduire un homme dans un bar était dans ses capacités, la jeune femme n'était pas habituée à jouer les objets sexuels pour autant. Il allait pourtant falloir qu'elle fasse un petit effort et son esprit de bon petit soldat reprit le dessus. Elle commença à se trémousser d'une manière plus aguicheuse, se rapprocha d'une table au hasard pour jouer avec un des mâles présents.

Et Ruby finit par obtenir le fruit de ses efforts. Au départ, les trois cent dollars lui semblèrent loin, mais la jeune femme usa de son regard pour chercher des proies plus intéressantes. Elle quitta une table de morveux pour aller vers des êtres vêtus d'un costard. Elle reprit sa danse lascive, serrant des dents face aux mains masculines posées sur son corps... Refusant de céder au désir de gifler les malotrus...

Bientôt les trois cent dollars, bientôt la fin de ce petit jeu déplaisant...

Assis parmi les spectateurs, Viktor observait la nouvelle recrue d’Amanda se mouvoir sur la scène du Dirty Dancing. Un regard du côté de sa formatrice l’informa qu’elle semblait plutôt satisfaite du spectacle, un hochement de tête presque imperceptible lui fut adressé tandis qu’elle se lançait dans une conversation apparemment passionnante avec la propriétaire des lieux. Un sourire un coin apparut sur les lèvres de l’agent de l’INITIATIVE qui venait de recevoir le feu vert pour entrer à son tour en action. La petite blonde ne se débrouillait pas trop mal pour trémousser ses fesses devant un public de mâles déchainés, mais qu’en serait-il dans d’autres circonstances ?

Viktor aurait l’honneur de le découvrir en premier. Et lorsque la blondinette fut proche de lui, Viktor se leva et offrit à la vue de la jeune femme un billet bien assez gros pour atteindre son objectif. Sous les sifflements du public déçu mais rapidement distrait par l’entrée d’une nouvelle danseuse plus expérimentée, Viktor l’entraina dans un coin plus privé pour obtenir ce que son argent venait de lui offrir. Il se fit ainsi une opinion sur certaines de ses capacités qui se révélèrent intéressantes mais ne cassaient pas vraiment des briques, de son point de vue. Elles pourraient cependant plaire à bien des hommes sans intérêts lors de futures infiltrations, si toutefois elle allait jusque-là.  

Les choses devinrent bien plus intéressantes après un acte sans douceur, Viktor ne laissa pas le temps à la jeune femme de se remettre de ses émotions, il lui planta une aiguille dans le cou et la regarda s’effondrer au sol. Quelques instants plus tard, Leah le rejoignit tandis qu’il se rhabillait, il s’arrêta alors qu’il s’apprêtait à boucler la ceinture de son pantalon.  

- Intéressée ?

- Sans façon, répondit la jeune femme. Je te la confie, amène là à l’endroit habituel et limite tes ardeurs. C’est une marine, tu risques d’avoir du fil à retordre avec celle-là.

- Tant mieux. Ça me changera de sa formatrice.

Un sourire suivit sa réponse et Leah quitta la pièce sans aucun mot ni réaction supplémentaire. Physiquement, elle lui faisait penser à celle qu’il recherchait mais ce n’était pas un palliatif suffisant, sans compter qu’elle avait tendance à l’éviter. La voir dans la même pièce que lui, comme quelques instants auparavant, était rarissime. Après un haussement d’épaule, Viktor souleva la blonde et la plaça sur son épaule pour un petit voyage qui les emmènera dans un hôtel miteux, une chambre tout aussi peu accueillante et sous surveillance électronique, pour des raisons évidentes. L’agent attacha la novice à une chaise en métal grâce à des attaches colsons et s’attela ensuite à préparer sa valise préférée, celle à l’intérieur de laquelle se trouvaient ses instruments d’interrogatoire.

Fin prêt, il ne comptait pas attendre le réveil de la mignonne au bois dormant, il n’avait pas cette patience. Son taser préféré fit son apparition dans sa main et ne tarda pas à toucher la cuisse de sa dernière victime en date.

Quand un homme au physique pas dégoûtant lui proposa un gros billet, Ruby accepta d'abandonner son public de pervers sans la moindre hésitation. D'ailleurs la danse laissa place à une petite gâterie que Ruby consentit à faire sans vraiment se plaindre. Enfin s'il avait été bedonnant avec une calvitie et des cheveux blancs, elle n'aurait pas été aussi consentante. Hélas, le remerciement ne se fit pas avec un billet, mais avec un voyage au pays de l'obscure inconscience.

Au bout d'un temps incalculable, Ruby se réveilla à l'aide d'une désagréable douleur. Il lui fallut quelques secondes pour en réaliser la cause éventuelle, ce qui lui rappela de mauvais souvenir de l'entraînement. S'il y avait bien un exercice qu'elle avait détesté, c'était celui auquel elle avait eu droit en échange de missions confidentielles. D'ailleurs elle avait toujours regretté l'absence d'exercice consistant à expliquer comment s'échapper de ce genre d'ennuis...

Après avoir eu la confirmation d'être pieds et poings liés, Ruby laissa son regard partir à la recherche d'une issue ou de son bourreau. Ce dernier apparut le premier, provoquant un inévitable soupir de la jeune femme.

- Eh merde... pourquoi les beaux gosses sont toujours gays ou des psychopathes en puissance... Si j'avais su, j'aurais couché pour prendre mon pied avant... et sinon c'est quoi la suite du programme ?

Un sourire forcé apparut sur les lèvres de Ruby, qui n'était pas spécialement pressée de savoir ce qu'elle faisait là. Au mieux, c'était un simple amateur de sado-masochisme, au pire c'était un serial killer en puissance.

Un sourire amusé répondit au soupir de sa captive et s’agrandit lorsqu’il entendit ses premières paroles. En voilà une qui avait de l’humour et de la répartie et Viktor se demandait combien de temps elle maintiendrait cette façade.

- Eh merde... pourquoi les beaux gosses sont toujours gays ou des psychopathes en puissance... Si j'avais su, j'aurais couché pour prendre mon pied avant... et sinon c'est quoi la suite du programme ?

- Quelques questions.

Avant de se mettre à lui lacérer les membres, Viktor commençait par la manière douce, c’est-à-dire, poser des premières questions sans violence. Ce n’était qu’une formalité, car jamais personne ne répondit à sa première vague de question, il gagnait alors l’accès aux sévices physiques, sa spécialité.

- Commençons par une simple, pour qui travaillez-vous ? Demanda Viktor en posant ses yeux bleu sur la blondinette.

D’avance, Viktor connaissait la réponse, qui serait un mensonge. Celle-ci ne devrait pas accompagner sa réponse par des suppliques, vu son caractère qui semblait différent de ses cibles habituelles. Il se souvenait de sa première rencontre avec celle qu’il cherchait… Elle avait bien changé depuis, et c’était grâce à lui. Évidemment, il aurait préféré la garder auprès de lui, mais c’était une histoire de temps, elle reviendrait. Ou il la retrouverait.

- C’est une question simple, non ? Pour qui travaillez-vous ? Si j'obtiens une réponse satisfaisante, on pourra réaliser votre espoir précédent et s'offrir du bon temps, annonça-t-il d’une voix suave.

- Quelques questions.

Mouais. Ruby était tentée de faire remarquer à son interlocuteur qu'il n'était pas forcément utile d'attacher quelqu'un pour l'interroger. D'ailleurs, ce n'était pas le meilleur moyen de faire bonne impression, mais la jeune femme avait quelques doutes quant à la capacité de son interlocuteur à recevoir ses informations comme de gentils conseils.

- Commençons par une simple, pour qui travaillez-vous ?

- Désolée, je suis amnésique, répondit Ruby.

Elle esquissa un petit sourire avant d'avoir eu droit à une répétition de son interrogation.

- C’est une question simple, non ? Pour qui travaillez-vous ? Si j'obtiens une réponse satisfaisante, on pourra réaliser votre espoir précédent et s'offrir du bon temps.

- L'offre est intéressante, admit Ruby. Malheureusement, je ne peux pas donner une réponse que j'ignore. Désolée.

Bon, sa bonne humeur apparente n'allait sans doute pas durer. Restait à savoir le sort qu'il allait lui réserver afin de déterminer exactement le moment où son humour laisserait place à des insultes, puis à un silence buté.

Viktor ne se départit pas de son sourire lorsque la demoiselle lui annonça être amnésique, au contraire, il s’agrandit. Elle lui donnait le feu vert pour faire ce qu’il faisait de mieux. Deux fois, elle lui offrit la réponse attendue.

- L'offre est intéressante. Malheureusement, je ne peux pas donner une réponse que j'ignore. Désolée.

- Ne soyez pas désolée. Et l’offre tiens toujours, les règles changeront juste d’ici peu de temps. Nous ne parlerons plus vraiment d’offre à ce moment-là, cela dit, fit remarquer Viktor avec un sourire malsain.

L’homme adressa un clin d’œil à la blondinette avant de lui asséner un coup brutal sur la joue. Un autre suivi, sur l’autre joue, afin d’égaliser. C’était un début tout en douceur que Viktor offrait à la nouvelle recrue de l’INITIATIVE. Il aimait bien sa répartie, alors il allait faire durer un peu plus longtemps les festivités, afin de savoir combien de temps elle maintiendrait cette façade.

- Je sais que vous êtes contact avec une organisation très spécifique, ayant des liens avec cette boite de strip-tease où vous avez fait un show médiocre. Nous vous avons capturé, vous et la brune qui vous accompagnait. En ce moment elle est interrogée également dans la pièce adjacente. La première qui parle obtiendra sa liberté et la vie sauve. L’autre aura beaucoup moins de chance.

Un sourire intérieur suivit cette improvisation. Avec un peu de chance, il ferait d’une pierre deux coups. Ses paroles provoqueraient certainement chez celle qui visionnait la vidéo de sécurité une réaction visant à couvrir ses paroles, afin de maintenir le mensonge. Il l’imaginait déjà jurer devant les écrans et quitter la pièce à toute vitesse pour mettre en place de quoi valider sa dernière invention. Viktor aimait être imprévisible comme ça, surtout si ça lui permettait de s’amuser deux fois plus, dans ce cas-là.

L’interrogateur plaça un silence, juste assez pour s’emparer d’un scalpel et se placer dans le dos de sa victime. Sans grande douceur, il agrippa ses cheveux pour les tirer vers lui, et exposer sa gorge sous laquelle il plaça son instrument coupant.

- Je veux toutes les informations concernant cette organisation : ses membres, son emplacement, ses missions. Faites le bon choix, Mademoiselle Wagner…

- Ne soyez pas désolée. Et l’offre tiens toujours, les règles changeront juste d’ici peu de temps. Nous ne parlerons plus vraiment d’offre à ce moment-là, cela dit.

Les paroles s'accompagnèrent d'un sourire peu rassurant aux yeux de Ruby. D'ailleurs, les deux coups suivants lui confirmèrent qu'elle était tombée sur la mauvaise personne. Elle les encaissa sans broncher, mais pas sans grimacer. Elle aurait bien voulu être capable de paraître impassible sauf qu'elle restait humaine. Un coup restait douloureux, et si le cri pouvait être retenu, la grimace non.

- Je sais que vous êtes contact avec une organisation très spécifique, ayant des liens avec cette boite de strip-tease où vous avez fait un show médiocre. Nous vous avons capturé, vous et la brune qui vous accompagnait. En ce moment elle est interrogée également dans la pièce adjacente. La première qui parle obtiendra sa liberté et la vie sauve. L’autre aura beaucoup moins de chance.

Attentive aux dires de son interlocuteur, la jeune femme lui jeta un regard noir quand il qualifia son show de médiocre. Bon, il n'avait pas tout à fait tort, mais elle n'appréciait pas qu'un psychopathe lui fasse remarquer. D'ailleurs, elle était tentée de qualifier sa méthode de pathétique... sauf qu'elle avait aussi appris à se taire de temps en temps. Le silence s'installa donc jusqu'à ce que Ruby sente ses cheveux partir en arrière. Elle manifesta une protestation, mais n'apprécia pas vraiment le contact glacé sur sa gorge.

- Je veux toutes les informations concernant cette organisation : ses membres, son emplacement, ses missions. Faites le bon choix, Mademoiselle Wagner…

Son patronyme venait de s'échapper de la bouche de son bourreau. D'où le sortait-il ? La question faillit s'échapper de ses lèvres, mais Ruby renonça. Il ne lui dirait pas, et c'était le cadet de ses soucis en cet instant.

- C'est bête, j'ai jamais su faire le bon choix, soupira-t-elle. On devrait peut-être passé directement au moment où je meurs, j'ai toujours voulu savoir si je finirai au paradis ou en enfer ? J'ai le droit à une dernière volonté ?

- C'est bête, j'ai jamais su faire le bon choix. On devrait peut-être passé directement au moment où je meurs, j'ai toujours voulu savoir si je finirai au paradis ou en enfer ? J'ai le droit à une dernière volonté ?

Pour toute réponse, Viktor ôta la lame du cou de la jeune femme pour la planter dans son bras. Il fit évidemment en sorte de ne pas viser d’endroit trop risqué pour commencer. S’il voulait que cette conversation dure assez longtemps à son gout, il ne devait pas trop en faire. Il pourrait être déçu ensuite. Le premier sang coula donc de la  blessure nette qu’il venait de former dans le bras gauche de la novice de l’INITIATIVE. Jusqu’à présent elle ne montrait aucune faille, ce qui n’était pas très étonnant pour une ancienne marine, Leah l’avait prévenu, il aurait du fil à retordre avec elle, et cela ne lui déplaisait pas du tout.

D’un mouvement sec, Viktor ôta le scalpel de la plaie pour l’y replonger et étendre la blessure de manière extrêmement lente. De son autre main, il maintenait toujours les cheveux de la blonde vers lui, afin de profiter de l’expression de son visage et de ses réactions tandis qu’elle devait sentir la douleur provoquée par ses mouvements.

- Il n’y a rien après la mort, Mademoiselle Wagner, pas de paradis, ni d’enfer, rien du tout. Juste une lente décomposition avant d’être dévorée par les vers. Mais ne soyez pas si pressée, nous avons encore tant de temps devant nous.

Le temps employé était froid tandis que Viktor faisait partager à son interlocutrice sa propre vision de la mort. Une vision bien moins enchanteresse que d’un pays dans les nuages entouré d’anges ou même qu’une cave volcanique  aux côtés de petits diables fourchus vous picorant les fesses.

- Reprenons avec une question moins compliquée, maintenant que nous nous connaissons un peu mieux. Quel est le nom de votre collègue brune ? Ne craignez-vous pas qu’elle parle avant vous ? Elle n’a rien d’une marine et…

Viktor fut interrompu par un cri provenant de la chambre voisine. Un sourire ravi déforma ses traits tandis qu’il imaginait à nouveau sa collègue peu amusée de devoir se prêter à ce jeu improvisé.

- Je crois qu’on passe aux choses sérieuses à côté. On dirait bien que j’ai du retard. Vous pourriez abréger ses souffrances. Donnez-moi les informations dont j’ai besoin, ou d’ici peu je prévois un joli concerto de cris en chœur.

Sa gorge fut épargnée. Pas son bras. Ruby sentit la lame se planter dans sa chair, ce qui lui arracha un petit cri de surprise. La douleur se révéla foudroyante, mais bien inférieure à celle qui allait suivre. Son bourreau s'amusa à retirer la lame pour mieux l'enfoncer et agrandir la plaie. Pour le remercier, Ruby serra des dents et lui adressa un regard assassin. Si l'idée de le provoquer lui avait traversé l'esprit, la jeune femme y avait renoncé.

- Fils de pute, marmonna-t-elle.

- Il n’y a rien après la mort, Mademoiselle Wagner, pas de paradis, ni d’enfer, rien du tout. Juste une lente décomposition avant d’être dévorée par les vers. Mais ne soyez pas si pressée, nous avons encore tant de temps devant nous.

Ruby trouva la vision de son interlocuteur bien triste. En même temps, à quoi s'attendre de la part d'un homme aussi charmant avec elle ? Sûrement pas une vision composée de petits poneys roses et de bisounours sauf s'il cachait bien son jeu ou une autre personnalité.

- Reprenons avec une question moins compliquée, maintenant que nous nous connaissons un peu mieux. Quel est le nom de votre collègue brune ? Ne craignez-vous pas qu’elle parle avant vous ? Elle n’a rien d’une marine et…

Un cri stoppa net le discours. Ruby ne savait pas s'il était sincère ou le fruit d'une manipulation, mais elle s'en moquait royalement. Son entraînement l'avait conditionnée à supporter la torture au maximum et à se taire.

- Je crois qu’on passe aux choses sérieuses à côté. On dirait bien que j’ai du retard. Vous pourriez abréger ses souffrances. Donnez-moi les informations dont j’ai besoin, ou d’ici peu je prévois un joli concerto de cris en chœur.

Un sourire était apparu sur les lèvres de son tortionnaire. Si la jeune femme n'avait pas eu les cheveux tirés en arrière, elle n'aurait pas hésité à secouer la tête de dépit.

- Pas question de vous en priver.

La jeune femme avait raccourci sa phrase au maximum. Les longs de discours ne servaient à rien sauf à être interrompu ou à laisser entrevoir des faiblesses.

- Cris, larmes ou insultes pour l'accompagner ? ironisa Ruby.

Le cri de sa collègue ne porta pas ses fruits, comme Viktor l’espérait. Cela promettait donc d’autres joyeux moments pour Leah, ce qui mit l’homme en joie.

- Cris, larmes ou insultes pour l'accompagner ?

La douleur était perceptible dans sa voix, et ce n’était que le début. Le regard de Viktor se posa sur la longue plaie qu’il avait formée sur le bras de la blonde qui commençait à limiter les politesses. A nouveau sans répondre à la question posée, Viktor libéra la chevelure de la blonde pour aller se diriger vers sa mallette. Avant de se servir, il sortit d’abord un paquet de cigarette de sa poche et en alluma une et se tourna vers la nouvelle recrue de l’INITIATIVE. Tandis qu’il soufflait un premier nuage de fumée, un nouveau cri plaintif se fit entendre, provenant de la pièce voisine. Si la jeune Wagner perdait connaissance, il irait bien participer aux festivités à côté, ou bien il inviterait carrément sa collègue à se joindre à eux.

Sans prévenir, Viktor abaissa sa cigarette allumée et la posa sur l’une des cuisses dénudées de la jeune femme. Il la laissa bruler la peau durant quelques secondes, avant de faire de même sur l’autre cuisse. Ce n’était cependant pas assez au gout de l’homme qui remonta ainsi jusqu’à son cou, laissant des marques disséminées sur son corps. Il termina ensuite sa cigarette en profitant de l’odeur de cochon brulé qui avait envahi la pièce. Lorsqu’il arriva au mégot, il transforma la main de Ruby en cendrier improvisé. Une musique de fond accompagnait ses mouvements, une musique douce à ses oreilles, provenant toujours de la pièce adjacente.

- Après cette pause appréciable, nous allons passer aux choses sérieuses, sauf si vous avez des renseignement à me donner maintenant. Oh dites moi non, je vous aime bien, j’aimerais voir jusqu’où vous pouvez allez comme ça.

Ruby n'obtint aucune réponse à son interrogation, mais la pression sur sa chevelure cessa enfin. Si cela soulagea la jeune femme, cette dernière ne se faisait pas d'illusion. Cette accalmie n'allait pas durer. Son tortionnaire s'offrait une pause cigarette avec un cri plaintif en fond sonore. Ce n'était pas forcément très rassurant. Enfin elle n'avait aucune preuve sur l'identité de la responsable, et cela l'étonnait que sa formatrice soit si bruyante... Enfin ses pensées se brouillèrent lorsque la douleur frappa sous la forme d'une brûlure de cigarette.

- C'est trop sympa de partager... la pause cigarette.

Ces paroles s'interrompirent à chaque brûlure, le temps de mordre sa lèvre inférieure jusqu'au sang pour ne pas pousser le moindre cri. Si sa formatrice était de l'autre côté, il n'était pas question de lui laisser penser qu'elle lâchait le morceau si vite. Une nouvelle interruption eut lieu pour s'achever en même temps que la cigarette, que son bourreau eut l'extrême bonté d'écraser dans sa main.

- Putain, s'écria Ruby.

- Après cette pause appréciable, nous allons passer aux choses sérieuses, sauf si vous avez des renseignement à me donner maintenant. Oh dites moi non, je vous aime bien, j’aimerais voir jusqu’où vous pouvez allez comme ça.

- La fille à côté, elle est nulle au lit, déclara Ruby. Satisfait ?

- La fille à côté, elle est nulle au lit. Satisfait ?

- C’est un bon début, concéda Viktor.

Il n’en doutait absolument pas, même si jusque-là, il n’en avait pas eu la confirmation, malheureusement. Elle aurait fait un substitut physiquement potable à celle qu’il cherchait toujours activement. Mais peut-être que la blonde ferait l’affaire, même si côté ressemblance physique, elle pouvait repasser. C’était cela dit un peu trop tôt pour en profiter, même si l’imaginer se débattre avait un côté très excitant. Viktor avait un travail et devait d’abord continuer un peu à tenter de la faire parler.

Pour lui, pas besoin d’aller plus loin, il savait qu’elle tiendrait des heures et des heures. Elle était formée pour ça, c’était évident. Un civil normal aurait déjà craché le morceau, certains, même formés, auraient craqué, ne serait-ce que pour épargner à une collègue des souffrances. Mais la jeune novice lui ressemblait bien plus à lui qu’à sa formatrice actuelle. Il trouvait ça amusant d’ailleurs. D’ici peu, ce serait peut-être elle qui le remplacerait au test de la torture, voire même prendrait-il la place d’Amande.

Au final, Viktor s’en foutait d’obtenir des réponses ou pas. Il savait pertinemment qu’elle ne dirait rien « d’utile ». Autant s’amuser le temps que les observateurs de la scène ne lui donnent l’ordre d’arrêter son petit jeu. Et pour peu qu’ils soient un brin sadiques, cela pouvait prendre un bon bout de temps. Pour la forme, il posa une autre question tout en hésitant sur son prochain instrument de torture.

- Mais encore ?

Son choix se posa sur son bon vieux taser, légèrement modifié, et un brin plus puissant que la normale. Il arrangea la puissance au minimum et le plaça au niveau du cou de la jeune femme avant d’appuyer sur le bouton et laisser la décharge électrique traverser le corps de Ruby. Il lui laissa une minute pour lui donner une réponse, avant de recommencer, en augmentant la puissance de la décharge au fur et à mesure, changeant également de point d’entrée, au risque de la tuer un peu trop rapidement.

- C’est un bon début.

Ruby leva un sourcil perplexe à cette réponse. Ou il était pervers en manque. Ou il se moquait d'elle. Ou il avait testé l'autre fille. Enfin Ruby se moquait de savoir lequel des trois était la bonne réponse. Son seul souhait était de voir la séance s'achevait avant que ses lèvres ne s'ouvrent pour lâcher des informations sensibles. Cela finissait toujours par arriver, et le seul moyen d'y échapper était d'attendre assez longtemps pour les secours... ou pousser son bourreau à achever sa besogne.

- Mais encore ?

Une décharge désagréable accompagna sa question. Cette fois, Ruby voulait s'évanouir histoire de marquer une petite pause. Ce serait sûrement très sympa de se retrouver entre les bras d'une obscurité très sombre pour un temps indéfinissable. Ses lèvres commencèrent à bouger très légèrement pour chanter quelque chose afin de faire passer un petit message à son bourreau.

-  After all you put me through, you'd think I'd despise you

Chanter Fighter de Christina Aguilera ne l'aida pas à obtenir la bonté de son bourreau. En même temps, sa voix n'était pas aussi mélodieuse que d'habitude. Ses propos étaient hachés, marqués par la difficulté, maudissant les femmes d'avoir une peau plus sensible aux stimuli de la douleur. Enfin ça avait des avantages pour les caresses aussi...

Dans tous les cas, Ruby s'entêta luttant contre elle-même et la douleur. Elle ne sut pas si elle était arrivée jusqu'au refrain, mais elle remercia la main qui l'entraînait vers l'obscurité. Lorsque le voile noir se dressa devant ses yeux, la jeune femme sut qu'elle avait obtenu gain de cause. Ne restait plus qu'à prier pour que la puce fasse son travail...

La novice tint sa langue jusqu’à l’inconscience. Peu de femmes y arrivaient. Viktor observa la jeune femme s’affaisser, retenue uniquement par ses liens. Sans afficher aucune émotion, il rangea son taser dans sa malette et ferma celle-ci avant de quitter la pièce sans un regard vers la dénommée Ruby. Il passa dans la pièce voisine où se trouvait deux de ses collègues, dont la formatrice actuelle de la nouvelle. Celle-ci lui lança un regard meurtrier que Viktor ignora, cherchant si les cris avaient été simulés ou bien réels. Aucun de ses instruments de torture favori n’était présent dans la pièce, cependant l’agent supplémentaire occupé à remplir une seringue d’un produit transparent lui apporta sa réponse.

Ce produit était connu à l’INITIATIVE, lui-même l’avait déjà utilisé sur certaines cibles à interroger et y avait gouté également, comme toutes les méthodes qu’il utilisait. Viktor aimait savoir exactement ce qu’il infligeait aux autres, c’était la meilleure méthode pour exceller dans son domaine de prédilection. Ce produit, en l’occurrence, était très intéressant, il donnait l’impression de se consommer de l’intérieur, vraiment très douloureux, surtout à haute dose. Et dangereux aussi, évidemment. Mais pour un agent qui devait commencer une mission d’infiltration le lendemain, c’était une option obligatoire, qui ne ravissait clairement pas Leah qui semblait avoir « bien pris » son improvisation inutile.

- Elle ne parlera pas, du moins pas avant des heures, annonça Viktor en haussant les épaules.  Je peux continuer ce petit jeu jusqu’à ce qu’elle craque, mais tu risques d’avoir commencé ta prochaine mission d’ici là.

Le ton utilisé était moqueur mais ignoré par son interlocutrice qui se leva avec une grimace qui n’échappa pas à Viktor.

- Je l'aime bien. C’est un bon élément, concéda-t-il, chose rare avec les nouvelles recrues, surtout les femmes. Je suis curieux de voir comment elle va évoluer. Je pense que l'élève surpassera vite le maitre.

- Merci pour ton avis, répondit Leah d'un ton sarcastique. Ça suffira donc pour aujourd'hui. Remballez tout, ordonna la jeune femme à l'agent qui l'avait accompagnée jusque là. Viktor, termine le travail et dépose là ensuite à l'endroit prévu.

Viktor ne broncha pas, ceci lui offrant une nouvelle opportunité de s'amuser un peu avec la petite blondinette. Il retourna dans la chambre où l'attendait sa dernière victime en date. Il se servit dans sa mallette et planta ensuite une aiguille d'un de ses produits préférés dans le bras de la jeune femme. Grâce à la Kétamine, elle s'enfoncerait encore plus une inconscience hantée par des hallucinations tandis qu'il colorerait son corps d'hématomes et de plaies. En bonus, vu la dose injectée, sa mémoire serait bien altérée. Il la déposerait ensuite discrètement dans une ruelle et appellerait anonymement les secours. Le reste ne serait ensuite plus de son ressort.