Vendredi 4 janvier 2013
11h30
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Après un appel provenant d’un de ses indics de la police de New York, Daniel quitta son bureau poussiéreux pour se rendre en ville dans le quartier de Little Italy où un meurtre avait été perpétré. Un indice abandonné sur place laissait clairement entrevoir à l’agent du F.B.I. l’identité du meurtrier, ou plutôt de la meurtrière. Mei « Fatale » Linhg. Cette dernière sévissait depuis quelques temps déjà et lui mettre la main dessus n’était pas une mince affaire. En tout cas, la police avait fait chou blanc jusque-là, provoquant l’intervention récente du F.B.I.

Daniel sortit de sa voiture sombre à l’entrée de la ruelle. Déjà, l’effervescence était visible. La police était présente sur les lieux, ainsi que les ambulanciers. Après avoir présenté son badge à l’officier surveillant l’entrée de la ruelle, l’agent spécial eut passage libre jusqu’au cadavre. Une pointe de déception l’envahit lorsqu’une étude un peu plus longue de la scène du crime ne lui offrit aucune trace de l’indice clé, celui qui déterminait le passage de la tueuse à gage recherchée.

Un tour d’horizon lui apprit la présence d’un policier bien connu du bureau. Il lui tournait le dos, volontairement ou pas, et poussa Daniel à le rejoindre afin d’en apprendre plus sur le meurtre, la victime ainsi que le coupable présumé. Arrivé à la hauteur du lieutenant, l’agent prit la parole.

- Lieutenant Walsh, quelle surprise de vous trouver ici. Agent Spécial Caldwell, reprit Daniel en affichant son badge, au cas où son nom aurait été oublié. Alors, qu’avons-nous ici ?

Un clochard avait trouvé le corps, mais il n'avait pas assisté au meurtre. Par contre, il était responsable du vomi dans lequel Michael avait marché par mégarde. Ce détail le poussa à fusiller l'agent du regard, qui s'excusa poliment. Il aurait pu essayé de vérifier la sincérité sauf qu'un pingouin s'invita sur scène. D'ailleurs, ce n'était pas un inconnu aux yeux du policier, qui n'était pas spécialement ravi de tomber sur celui-là.

- Lieutenant Walsh, quelle surprise de vous trouver ici. Agent Spécial Caldwell,

Michael lui adressa un sourire forcé tandis qu'il hésitait entre écorcher le nom de l'agent ou autre chose.

Alors, qu’avons-nous ici ?

Un cadavre, annonça Michael. Enfin, vous l'aviez peut-être déjà remarqué ? Alors si vous faites bien attention, vous noterez qu'il a été abîmé par une vilaine balle. On peut donc supposer que c'est un meurtre. Personne n'a rien vu. C'est inconnu... alors pourquoi vous déplacer et prendre le risque d'abîmer votre joli cos...

Michael s'arrêta une courte seconde à la vue d'une jolie demoiselle en tailleur qu'il pointa du doigt. Un sourire appréciateur se dessina sur ses lèvres de coureur de jupons alors qu'il reprenait la parole sur un ton plus convivial.

- C'est à vous ?

Ce matin, Nadya avait eu droit à un entretien avec son supérieur. Il lui avait souhaité la bienvenue, puis lui avait expliqué le fonctionnement du service dans lequel elle avait été affecté. La jeune femme s'était montrée attentive à toutes ses explications, répondant aux questions occasionnelles avec le sourire. Elle allait être en duo avec un agent répondant au nom de Daniel Caldwell. Elle n'avait pas appris grand chose sur ce dernier, son supérieur ayant jugé que le mieux était de le découvrir par elle-même. L'entretien avait donc pris fin, et la jeune femme avait appris que son collègue s'était rendu sur une scène de crime.

Sans perdre de temps, Nadya avait décidé de le rejoindre. Quand elle arriva sur les lieux du crime, ses yeux cherchèrent son nouveau coéquipier, plus gradé qu'elle, mais observèrent aussi le décor afin de glaner quelques indices au passage. La police était présente et la jeune femme savait qu'elle n'était pas toujours favorable à l'intervention du FBI. Nombreux de ses anciens collègues avaient considéré qu'elle les trahissait en entrant dans cette agence, mais ils s'étaient consolés en se disant qu'elle pourrait toujours les aider en cas de besoin.

Ses lèvres murmurèrent une prière pour le défunt, puis elle s'avança vers deux individus, l'un pointant son doigt dans sa direction. Ses lèvres se pincèrent légèrement tandis qu'elle observait sa tenue négligée, puis ses yeux se reportèrent sur l'autre. D'après la policière qui l'avait laissée passer l'un des deux était son collègue. Elle ne lui avait pas précisé lequel, mais la jeune femme avait son choix. Les jeans troués n'étaient pas autorisés dans sa nouvelle agence...

- Bonjour je suis l'agent Nadya Sykes, je suis votre nouvelle coéquipière.

Nadya esquissa un sourire à l'intention du plus barbu des deux, puis se tourna vers Michael.

- Savez-vous qu'il est très mal poli de montrer quelqu'un du doigt ? déclara-t-elle sur un ton innocent.

Son interlocuteur piqua un fard et cessa de la montrer du doigt pour se tourner vers l'agent Caldwell.

- Que me disiez-vous déjà ?

Daniel  ne tint pas compte des commentaires et du ton employé par le policier frustré. Il savait qu’il n’aimait pas que les agents du Bureau se mêlent à ses enquêtes. Daniel ne le faisait pas, d’habitude, mais un appel d’un indicateur avait tout changé. Le lieutenant s’interrompit cependant dans sa réponse douteuse et changea radicalement de sujet et de ton.

- C'est à vous ?

L’agent spécial se détourna de son interlocuteur pour suivre la direction désignée. Lorsqu’il aperçut une jeune femme vêtue comme le serait l’une de ses collègues, Daniel fronça les sourcils. Il l’observa les remarquer puis s’avancer vers eux pour se présenter et lui annoncer la bonne nouvelle : il avait désormais une nouvelle coéquipière. Daniel ne répondit pas au sourire que lui adressa la jeune femme. Il apparut cependant lorsqu’il assista à une scène représentant une institutrice de maternelle réprimandant un de ses élèves. Elle obtint toutefois un résultat et Walsh se tourna à nouveau vers lui.

- Que me disiez-vous déjà ?

- J’allais vous expliquer la raison de ma présence ici. Mais je vais laisser ma nouvelle coéquipière vous expliquer cela. Agent Sykes, pouvez-vous expliquer au lieutenant Walsh quelles sont les raisons qui peuvent impliquer le bureau dans les affaires de la police ?

Le sergent Izzy Morgan avait été demandé pour seconder le lieutenant Walsh. Quand Izzy arriva sur la scène de crime, les vautours qu'étaient les fédéraux se trouvaient déjà sur place. Le jeune sergent colla sa plaque sous le nez d'un officier qui s'était élancé pour lui barrer le passage. Michael Walsh était déjà au prise avec deux agents dont les tenues auraient pu être estampillées FBI tant elle ne laissaient aucun doute sur l'identité de leur agence.

Izzy sourit. Mettre des bâtons dans les roues des fédéraux semblait être le sport principal au NYPD. Le jeune homme eut tout le loisir d'admirer ce que la tailleur stricte ne pouvait cacher.

- Alors comme ça le FBI à pour habitude d'envoyer deux agents pour faire céder un seul policier? lança-t-il sur le ton de la plaisanterie.

Il se planta devant la jeune femme et lui dédia un grand sourire.

- Bonjour, Mademoiselle l'agent spécial. Je n'ai pas encore le plaisir de connaître votre nom, mais je suis le sergent Morgan, pour vous servir.

Il n'avait pas du tout l'intention de servir qui que se soit au FBI mais se mettre des fédéraux à dos n'était pas la meilleur façon de commencer une enquête. Il tendit la main à la jeune femme.

- Lieutenant Wash, on ne s'est pas encore vu aujourd'hui, dit Izzy en serrant la main de son supérieur.

Enfin il se tourna vers l'agent spécial Caldwell. Il n'était pas à New York depuis longtemps mais il avait déjà eu affaire avec cet homme plusieurs fois.

- Agent spécial Coldwell, déjà là? il avait innocemment écorché son nom, au privillège de celui qui se murmurait dans les couloirs du NYPD.

- J’allais vous expliquer la raison de ma présence ici. Mais je vais laisser ma nouvelle coéquipière vous expliquer cela. Agent Sykes, pouvez-vous expliquer au lieutenant Walsh quelles sont les raisons qui peuvent impliquer le bureau dans les affaires de la police ?

Avec le sourire, Nadya se plia à l'exercice sous le regard blasé de Michael.

- Nous sommes ici afin de vous aider à résoudre une affaire que vos services peinent à boucler. Nous allons donc prendre le relais afin que vous puissiez vous occuper des nombreuses affaires que l'on peut retrouver sur le bureau de tout policier.

Michael fixa la jeune femme avec un soupir. Cette pauvre fille s'était fait avoir par le beau discours des fédéraux dont le principal objectif était de voler les lauriers des humbles policiers, qui se tuaient à la tâche sans jamais pouvoir se payer des costumes. Il était d'ailleurs prêt à le lui faire remarquer quand un de ses collègues fit son apparition : Izzy Morgan.

- Alors comme ça le FBI à pour habitude d'envoyer deux agents pour faire céder un seul policier?

- Hélas, soupira Michael.

Il afficha une fausse mine peinée tandis que son collègue se présentait à la partenaire du pire casse-pieds du F.B.I.

- Bonjour, Mademoiselle l'agent spécial. Je n'ai pas encore le plaisir de connaître votre nom, mais je suis le sergent Morgan, pour vous servir.

- Agent spécial Nadya Sykes, répondit la jeune femme avec un large sourire.

Morgan se tourna ensuite vers lui afin de le saluer. Michael lui serra la main avant de le laisser se tourner vers le dernier membre du quatuor imposé.

- Agent spécial Coldwell, déjà là?

- Toujours le premier pour voler des cadavres, répliqua Michael.

- Saviez-vous qu'une attitude hostile n'aide personne ? Qui plus est, ce cadavre est l'enfant d'une personne, qui attend peut-être de ses nouvelles... Doit-on vraiment faire attendre ses proches à cause d'un policier mal poli dont la garde robe n'est pas vraiment adapté à son travail ?

Michael posa son regard sur sa tenue, puis releva la tête vers la nouvelle partenaire du casse-pied. En fait, ce n'était pas une pauvre âme perdue, mais un pingouin en puissance.

- Ce cadavre ne porte aucune trace de la personne que vous recherchez. Si jamais l'autopsie confirme que cette affaire vous concerne, ben on vous enverra les preuves. En attendant, vous dégagez de ma scène de crime, s'il vous plaît... miss coincée et monsieur casse-pied.

La nouvelle partenaire de Daniel obéit à son ordre sans broncher, ses paroles plurent à l’agent expérimenté qui ne put retenir un sourire satisfait face à cette réponse parfaite et l’air blasé du lieutenant Walsh. Les explications tournèrent court lorsqu’ un autre agent de police fit son apparition, un sergent que Daniel avait déjà croisé à plusieurs reprises récemment. Ce dernier fit son numéro à la femme du groupe puis écorcha son nom, sans pour autant que cela ne provoque une réaction chez l’agent du FBI. Il avait entendu bien pire durant sa carrière, mais quoiqu’il arrive, le pire venait toujours des forces de police... Le lieutenant Walsh en fit la démonstration avant que l’intervention de sa jeune partenaire ne décide le policier à mettre fin à cet échange.

- Ce cadavre ne porte aucune trace de la personne que vous recherchez. Si jamais l'autopsie confirme que cette affaire vous concerne, ben on vous enverra les preuves. En attendant, vous dégagez de ma scène de crime, s'il vous plaît... miss coincée et monsieur casse-pied.

- Justement, quelqu’un sur votre scène de crime m’a indiqué la présence d’un indice prouvant la présence de celle que je cherche. Et ce quelqu’un est une personne de confiance, bien plus que vous, lieutenant.

Daniel n’avait rien contre la police, il possédait même quelques amis dans certains districts. Rares, mais sur lesquels il pouvait compter et à qui il confierait sa vie. Aux yeux de l’agent du Bureau, la police était la première barrière de défense et de protection du peuple, il en avait parfaitement conscience. Il appréciait les policiers motivés par leur job, comme le sergent Morgan, même si le sentiment n’était pas réciproque. Ce n’était pas important, tant qu’il faisait son travail avec passion. Le lieutenant était passionné aussi, pensait Daniel, mais sans doute trop, car en cet instant, il le soupçonnait d’avoir volé une preuve capitale.

- J’en conclus donc que soit vous avez laissé quelqu’un voler cet indice sous votre nez, soit que quelqu’un sur cette scène de crime ne respecte pas la loi et risque jusqu’à deux ans de prison . Agent Sykes, veuillez alerter les officiers à l’entrée de la ruelle de ne laisser entrer si sortir personne, et appelez le chef de la police Clane, il est possible que l’un de ses employé travaille contre lui.

- Justement, quelqu’un sur votre scène de crime m’a indiqué la présence d’un indice prouvant la présence de celle que je cherche. Et ce quelqu’un est une personne de confiance, bien plus que vous, lieutenant.

- Eh merde, pensa Michael.

Ses yeux cherchèrent le traître afin de savoir qui aurait droit à un savon lors de leur prochaine rencontre. Pour le moment, il devait gérer ce détail qui prit une tournure encore plus agaçante lorsque Daniel évoqua un vol de l'indice... Tout de suite les grands mots avec ces agents du F.B.I...

- J’en conclus donc que soit vous avez laissé quelqu’un voler cet indice sous votre nez, soit que quelqu’un sur cette scène de crime ne respecte pas la loi et risque jusqu’à deux ans de prison . Agent Sykes, veuillez alerter les officiers à l’entrée de la ruelle de ne laisser entrer si sortir personne, et appelez le chef de la police Clane, il est possible que l’un de ses employé travaille contre lui.

- Bla bla bla, soupira Michael. Ne nous emballons pas.

Sa main plongea dans sa poche pour récupérer l'indice et le montrer à la vue des deux agents du F.B.I.

- La voilà votre preuve. Volez ma scène de crime. Moi je me casse, je dois aller protéger les civils dont le F.B.I se fout totalement.

Il tendit la preuve et le pingouin masculin s'en empara avec avidité. Michael leur tourna ensuite le dos pour se tirer vite fait de cette scène, qui aurait dû lui appartenir. Il ne lui resterait plus qu'à faire du charme au médecin légiste du F.B.I ou à une secrétaire stupide pour suivre l'affaire de loin. En attendant, il allait s'occuper de ce maudit sac à main que sa groupie du troisième âge ne cessait de se faire voler pour le voir croiser sa route. A cette pensée, ses fesses frémirent d'indignation...

Izzy avait une puissante envie de balancer son poing dans la figure de l'agent spécial Caldwell. Cet homme l'horripilait comme peu de monde y arrivait. Mais un tel geste aurait à coup sûr valu un blâme qui aurait fait tache dans le dossier, encore exemplaire du sergent.

D'une oreille distraite, il écoutait les déblatérations du pingouin en notant au passage qu'un membre de la NYPD avait à cœur de jouer les taupes. Izzy se promit de débusquer celui qui jouait le rôle du déplaisant rongeur et de lui faire passer l'envie de collaborer. S'il le trouvait, il allait s'assurer qu'il ne voie plus que les dossiers clôturés à classer et la machine à café de la salle de repos.

- J’en conclus donc que soit vous avez laissé quelqu’un voler cet indice sous votre nez, soit que quelqu’un sur cette scène de crime ne respecte pas la loi et risque jusqu’à deux ans de prison . Agent Sykes, veuillez alerter les officiers à l’entrée de la ruelle de ne laisser entrer si sortir personne, et appelez le chef de la police Clane, il est possible que l’un de ses employé travaille contre lui.

"Ou soit tu es un con" Izzy l'avait pensé tellement fort qu'il s'étonna de ne pas l'avoir dit à haute voix.

- C'est même certain que quelqu'un de la police travaille contre elle... Puisque vous êtes là, ajouta le jeune métisse d'une voix dégoulinante de sarcasme.

Il regarda son supérieur rendre la pièce à conviction qui se trouvait dans sa poche. L'agent Caldwell se jeta dessus comme une hyène sur une carcasse. Ou comme une mouche sur une merde, c'était au choix. Vu son état d'esprit actuel envers les fédéraux, Izzy préféra la seconde comparaison.

- Vous avez une chance inespérée, Caldwell. Heureusement que le Lieutenant Walsh avait mis cette preuve en sureté. Si un de nos agents collabore avec l'extérieur, qui sait à qui il monnaie ses services.

Le jeune homme regarda son supérieur tourner les talons et quitter la scène de crime. Izzy savait la frustration que Walsh ressentait car il la partageait. Mais il ne pouvait non plus pas ignorer les règles.

- Cette scène de crime est donc à vous. Je reste bien entendu à votre disposition, dit-il aux deux agents.

Son petit discours eut son effet, car bientôt, la preuve disparue réapparut sous leurs yeux, sortie tout droit de la poche du lieutement Walsh. Evidemment.

- La voilà votre preuve. Volez ma scène de crime. Moi je me casse, je dois aller protéger les civils dont le F.B.I se fout totalement.

Daniel leva les yeux au ciel face à ces paroles typiquement policières et récupéra la preuve offerte par son interlocuteur (sans se jeter dessus…), confirmant l’implication de Mei Lingh. L’agent du F.B.I. n’en avait cependant pas encore fini avec les forces de l’ordre, car le sergent passionné, par solidarité sans doute, trouva bon de commenter les derniers évènements avant d’arranger les choses à sa sauce.

- Vous avez une chance inespérée, Caldwell. Heureusement que le Lieutenant Walsh avait mis cette preuve en sureté. Si un de nos agents collabore avec l'extérieur, qui sait à qui il monnaie ses services. Cette scène de crime est donc à vous. Je reste bien entendu à votre disposition.

- Merci Sergent Morgan, soupira Daniel.

Cette hostilité devenait lassante, mais elle semblait inévitable. Durant quelques instants, Daniel observa la preuve cachée, une plume d’oie à la couleur écarlate, signature de la tueuse à gage que la police recherchait depuis assez longtemps pour que le FBI soit également mis sur l’affaire. Finalement Daniel se tourna vers sa nouvelle coéquipière qui avait donc fraichement rejoint les rangs du Bureau.

- Bienvenue au FBI, Agent Sykes. J’espère que vous êtes prête à entendre ce genre de discours et à voir ce genre de comportement de manière régulière.

Daniel donna quelques ordres aux officiers encore présents, dès que les équipes du groupe scientifique auraient terminé avec l’étude de la scène du crime, la collecte d’indices et d’empreintes, s’il y en avait, ce dont il doutait, le corps devait être transporté à la morgue d’urgence pour une autopsie. Les rapports devaient lui être envoyés dès qu’ils seraient terminés. En attendant, ils n’avaient pas besoin de rester sur place. Il remit également l’indice principal à l’un des scientifiques responsable de l’étude des lieux avant de s’adresser à nouveau à l’agent Sykes tandis qu’il marchait déjà en direction de sa voiture

- Alors, racontez-moi un peu votre parcours. Qu’est-ce qui vous amène au F.B.I. ? Demanda l’agent expérimenté.

Selon sa réponse, il était possible que l’entretien se terminer rapidement. Mais avant, Daniel voulait entendre l’histoire de la jeune femme qui, à sa grande surprise, lui avait fait plutôt bonne impression avec ses réactions précédentes. Restait à savoir si elle continuerait sur ce chemin ou non.

En quelques échanges, Nadya avait pu découvrir un autre visage de la police dont elle avait pourtant fait partie. Cette hostilité envers les fédéraux, elle n'en avait jamais fait preuve par le passé. Elle avait toujours vu leur venue d'un œil bénéfique se moquant bien de savoir qu'ils récolteraient les lauriers de leur travail. Pour elle, l'essentiel était de résoudre l'affaire pour le bien de tous, et surtout des victimes.

- Bienvenue au FBI, Agent Sykes. J’espère que vous êtes prête à entendre ce genre de discours et à voir ce genre de comportement de manière régulière.

Un sourire un brin forcé répondit à la remarque de son nouveau partenaire, qui se tourna vers les officiers restants pour donner des ordres. Silencieuse, Nadya l'observa faire son travail en silence avant de le suivre lorsqu'il prit la direction de la voiture.

- Alors, racontez-moi un peu votre parcours. Qu’est-ce qui vous amène au F.B.I. ?

- Je viens de la police de San Diego, répondit Nadya. J'ai souvent officié sous couverture afin de coincer des dealers, trafiquants ou proxénètes. Puis, j'ai eu la sensation que travailler dans la police n'était plus suffisant, que je devais chercher une autre voie pour enquêter plus efficacement. Alors je me suis tournée vers le F.B.I...

Ce choix avait été une évidence pour la jeune femme, une trahison pour ses anciens collègues.

- Et je ne peux pas dire que j'ai l'habitude de travailler en duo. En infiltration, j'étais souvent seule même si j'ai bénéficié de soutien pour couvrir mes arrières. Donc c'est un peu nouveau pour moi alors j'espère ne pas vous faire regretter votre ancien partenaire.

Nadya esquissa un bref sourire.

- Vous voulez savoir autre chose ? Avoir plus de détails ?

Tout en marchant, Daniel écoutait l’histoire de sa nouvelle coéquipière. Elle venait de la police de San Diego et soudain l’agent se demandait si elle se comportait comme les deux zouaves qu’ils venaient d’affronter. Mais au vu de sa réaction précédent, il y avait peu de chances. Elle était de ceux qui voyaient le F.B.I.  comme un moyen d’être plus efficace, pas pour mettre des bâtons dans les roues de la police, ni leur voler la lumière des projecteurs. De cette dernière, Daniel pouvait s’en passer largement, chose que certains policiers ne semblaient pas comprendre.

- Et je ne peux pas dire que j'ai l'habitude de travailler en duo. En infiltration, j'étais souvent seule même si j'ai bénéficié de soutien pour couvrir mes arrières. Donc c'est un peu nouveau pour moi alors j'espère ne pas vous faire regretter votre ancien partenaire.

Ancien partenaire ? Elle n’avait apparemment eu aucune information à son sujet. Ce qui n’était pas plus mal et ressemblait bien à son supérieur. En tout cas, il se demandait comment une femme semblant si sage, presque timide, pouvait avoir une carrière dans l’infiltration. Apparemment Daniel avait des choses à découvrir lui aussi et peut-être aurait-il une bonne surprise.

- Vous voulez savoir autre chose ? Avoir plus de détails ?

- J’ai une autre question, je vous offre un café ?

La jeune femme accepta son offre. Daniel hocha la tête et dévia de trajectoire pour se diriger vers le Starbuck le plus proche. Il laissa sa coéquipière prendre sa commande avant de faire de même, et tandis qu’ils attendaient d’être servis, il reprit la parole, sur un ton un peu plus détendu que précédemment.

- Vous avez donc travaillé sous couverture. Ce genre de mission ne va pas vous manquer ?

Son nouveau partenaire se contenta de lui proposer un café comme unique question. Nadya accepta l'offre sans l'ombre d'une hésitation. Cela entraîna un changement de trajectoire pour rejoindre un Starbuck. Après avoir pris la commande, la discussion reprit à travers un retour au question sur son parcours au sein de la police.

- Vous avez donc travaillé sous couverture. Ce genre de mission ne va pas vous manquer ?

Nadya ne s'était pas vraiment posée cette question lorsqu'elle avait pris la décision d'abandonner l'uniforme de la police. Elle s'était juste concentrée sur la meilleure façon de faire son travail sans se soucier de savoir si elle repartirait en couverture ou non.

- Je n'en ai aucune idée, avoua Nadya. J'aurais tendance à penser qu'elles ne me manqueront pas, mais je crois que je ne serai pas aussi catégorique d'ici quelques temps. Au pire, je pourrais toujours faire du théâtre pour compenser. Il n'y aura pas autant d'adrénaline, mais je serai sûre de pouvoir rentrer chez moi le soir.

Nadya esquissa un petit sourire face à ce petit constat.

- Et si jamais je suis en manque d'adrénaline, je me tournerai vers le saut à l'élastique.

Cette idée lui plaisait assez. Enfin rien ne disait qu'elle serait capable d'aller jusqu'au bout.

- Enfin je peux toujours travailler sous couverture avec une lampe de poche dans mon lit, non ?

L’agent Sykes lui répondit honnêtement, elle ne savait pas si les missions d’infiltration lui manqueraient. Pour être franc, Daniel doutait qu’elle doive s’y remettre un jour, notamment si le grand manitou avait décidé de la lui adjoindre comme coéquipière. D’ailleurs il se demandait toujours pourquoi ce choix… Serait-elle là pour l’empêcher de s’écarter de la procédure ? Ou d’avoir quelques altercations avec la police ? Probablement la deuxième option. Une ancienne flic pour calme les esprits de ses anciens collègues.

- Et si jamais je suis en manque d'adrénaline, je me tournerai vers le saut à l'élastique. Enfin je peux toujours travailler sous couverture avec une lampe de poche dans mon lit, non ?

- En effet, répondit Daniel avec un sourire.

L’humour de la jeune femme était un peu candide mais c’était rafraichissant en quelque sorte. Ca changeait des blagues graveleuses de ses collègues masculins ou des remarques sensées être humoristiques sur les pingouins qu’il entendait à proximité des forces de police. Ils devaient sans doute se venger des blagues sur les poulets… Bref.

- Vous êtes donc récemment arrivée à New York ? Qu’en est-il de votre famille, d’un petit ami peut-être ? Quelqu’un vous aurait suivi depuis San Diego ou vous êtes seule à New York  ?

Curieux, Daniel se demandait si la demoiselle partageait sa vie avec quelqu'un. Elle n'était pas mariée, ne portait pas d'alliance, mais cela n'empêchait pas une relation. Ces dernières compliquaient toujours les choses, surtout dans leur ligne de métier. Lui-même avait eu quelques histoires plus ou moins longues qui n'avaient pas survécu à la pression et, quelques fois, au danger qu'entrainait son travail et ses enquêtes. De temps à autres pourtant, la solitude était difficile à supporter. Avoir quelqu'un à qui se confier le soir, après une journée fatigante, lui manquait. Daniel se consolait en se disant que c'était le prix à payer pour un peu plus de sécurité du peuple américain et, qu'au moins, il ne mettait personne en danger.

Il avait d'ailleurs usé de cet argument face à Doug, afin de ne pas avoir de coéquipier. Il s'occupait de dossier dangereux, de serial killers, avoir un équipier était une faiblesse et jusque là, ça avait fonctionné. Mais apparemment... ce n'était plus le cas.

Daniel afficha sa surprise lorsque sa nouvelle coéquipière lui apprit qu’elle provenait d’une famille nombreuse. Très nombreuse. Dix frères et sœurs, cela donnait une idée sur le genre d’éducation qu’avait pu avoir la jeune femme. Il se demanda si elle était la plus âgée et avait dû jouer la mère pour ses cadets ou s’il s’agissait plutôt de l’inverse. Daniel penchait vers la première solution, mais il faudrait qu’il se le fasse confirmer au fil de leur discussion peut-être. L’agent Sykes lui annonça ensuite son célibat et lui offrit sa propre vision de ce dernier. Cela lui permettait d’exprimer son côté enfantin apparemment bien présent. Elle disait faire preuve d’autodérision, ce qui était une bonne chose, et bien utile effectivement dans des missions comme des infiltrations.

Soudain, une question sortie de nulle part lui tomba dessus.

- Vous aimez les karaokés ?

- Heu, pas spécialement, je dois vous avouez que je ne me suis jamais vraiment essayé à ce genre de distraction.

Il chantait sous la douche, à l’occasion, dans sa voiture, souvent, mais il n’était jamais monté sur une scène dans un bar pour chanter devant un public dans lequel pourrait se trouver quelques visages connus. C’était en tout cas une question bien étrange sortie de la bouche de sa coéquipière. Cela l’inquiétait un peu, se demandant si on ne lui avait pas attribué cette jeune femme pour l’amadouer un peu au passage. Une jeune femme candide, gentille et mignonne, l’archétype de la nouvelle recrue motivée qui attendrirait son coéquipier plus expérimenté et lunatique et qui, jusque-là, n’avait jamais eu à subir de compagnie durant ses enquête. Un challenge en fait.

Pourtant, Daniel ne l’avait pas renvoyée d’où elle venait dès l’instant où elle s’était présentée. Il n’était plus en mesure de le faire. Si sa carrière était sans tâche, depuis son année sabbatique, son efficacité n’était plus la même. Il ne pouvait ainsi pas contester l’ordre de lui imposer un nouvel équipier, même s’il se demandait toujours de qui provenait cet ordre. De son superviseur ou bien de quelqu’un de plus haut gradé. Une réponse que seule sa nouvelle coéquipière pouvait lui donner.

- Comptez-vous m’emmener dans un bar Karaoké, Agent Sykes ? Demanda Daniel, un sourire aux lèvres, usant un ton de défi.

- Heu, pas spécialement, je dois vous avouez que je ne me suis jamais vraiment essayé à ce genre de distraction.

Nadya afficha une petite moue déçue, qui s'effaça lorsque son partenaire précisa qu'il ne s'était jamais laissé tenter par ce genre de distraction. En somme, il ne connaissait pas, donc un test pouvait encore le faire changer d'avis. Restait à savoir s'il se laisserait aller facilement ou s'il faudrait le pousser. Enfin, il fallait encore voir si l'idée d'y aller pouvait le tenter. Dans le cas contraire, Nadya devrait se trouver un autre compagnon de route.

- Comptez-vous m’emmener dans un bar Karaoké, Agent Sykes ?

- Oui, répliqua Nadya. On ne sait jamais, vous pourriez aimer ça. C'est amusant de chanter en public, sans avoir une prof de chant pour vous reprendre sans arrêt parce que vous faites une fausse note. On peut s'y croire, se laisser aller à jouer un autre rôle et s'amuser.

Ce passe-temps était d'une légèreté plus qu'appréciable aux yeux de Nadya. Chanter aidait à oublier les soucis de sa journée. Bien sûr, elle pouvait s'y amuser seule dans sa chambre, mais c'était toujours plus drôle à plusieurs. On se taquinait gentiment avant de se prendre au jeu et de passer un bon moment.

- Maintenant, si je vous y emmène, il faut que vous chantiez aussi. Sinon, ce n'est pas aussi amusant. Enfin, ça ne devrait pas vous faire peur ? Si vous êtes capable de supporter des policiers aussi charmants que ceux de ce matin, vous devriez pouvoir affronter un petit public ?

L’agent Sykes comptait donc l’emmener dans un bar karaoké, arguant qu’il pourrait aimer ça, que c’était amusant de chanter en public. Et tandis qu’elle argumentait ce dernier point, Daniel notait une certaine similitude avec ses propos précédents, relatif à un possible petit ami. A nouveau, elle parlait d’une certaine liberté face à des possibles réprimandes. Sa coéquipière avait-elle vécu un traumatisme face à trop d’autorité dans son enfance pour en parler ainsi ? Daniel s’interrogeait.  

- Maintenant, si je vous y emmène, il faut que vous chantiez aussi. Sinon, ce n'est pas aussi amusant. Enfin, ça ne devrait pas vous faire peur ? Si vous êtes capable de supporter des policiers aussi charmants que ceux de ce matin, vous devriez pouvoir affronter un petit public ?

- Nous verrons.

En langage Caldwell, cela voulait dire : absolument hors de question. Le petit défi lancé par sa collègue ne porterait pas ses fruits, il ne tomberait pas dans le genre de piège qu’il tendait d’habitude lui-même.

- Enfin si un jour je me retrouve sur une scène avec un micro en main face à vos anciens charmants collègues, j’aurai de quoi les traumatiser à vie, plaisanta l’agent avec un sourire.

Il n’était pas bon chanteur, une catastrophe en fait. S’il chantait seul dans la voiture ou sous la douche, c’était pour ne pas trouer les tympans d’un auditoire malchanceux. Mais comme il venait de le dire à sa collègue, si un jour il se retrouvait face au lieutenant Walsh dans son public, il se ferait un plaisir de se rappeler à son bon souvenir.

- Et, à part avec le karaoké, comment vous changez-vous les idées après une dure journée de travail ou une longue infiltration ?

- Nous verrons.

Nadya esquissa une petite moue face à cette réponse bien tiède. Des précisions ne tardèrent pas à lui confirmer qu'il faudrait sans doute traîner son partenaire jusqu'à un karaoké.

- Enfin si un jour je me retrouve sur une scène avec un micro en main face à vos anciens charmants collègues, j’aurai de quoi les traumatiser à vie.

- Intéressant, répondit Nadya avec un sourire.

Une image lui traversa l'esprit qu'elle chassa rapidement. En attendant, son passe-temps était un peu compromis. Elle pouvait bien sûr s'amuser à aller au karaoké seule, mais ce n'était pas aussi drôle qu'avec quelqu'un. Enfin, ce n'était pas comme si elle ne savait pas s'occuper autrement avec d'autres activités amusantes ou caritatives.

- Et, à part avec le karaoké, comment vous changez-vous les idées après une dure journée de travail ou une longue infiltration ?

- Après une longue infiltration, j'aime me détendre dans un bain chaud avec un bon livre. J'aime aussi courir même si je dois tenir compte de certains facteurs. Du coup j'alterne avec de la boxe et du yoga.

Sportive, Nadya l'était même si elle regrettait de ne pas pouvoir pratiquer de la plongée à cause de son asthme. Elle aurait pourtant adoré contempler les fonds marins, certaine que leur beauté l'aurait aidée à se remettre d'infiltration trop intense.

- Vous pratiquez du sport aussi ?

Sa collègue lui apprit qu’elle aimait se détendre avec un bain et un bon livre. Si Daniel pouvait opter facilement pour la deuxième partie de cette solution, la première était plutôt un « truc de femme », selon lui. Les options suivantes étaient tout aussi acceptables et au passage, l’agent apprit que la demoiselle pratiquait la boxe et le yoga. Il se demanda d’ailleurs comment elle se débrouillait avec le sport de combat.

- Vous pratiquez du sport aussi ?

- Pas de boxe, mais plutôt de l’aïkido. Je fais partie d’une équipe de water-polo et je fréquente une salle de sport de manière assez régulière. Pour pouvoir courir après les dangers publics, il faut être en forme, et j’ai appris avec l’expérience que les psychopathes courraient très vite.

Malheureusement, depuis son intervention au genou gauche, les records de vitesse à la course n’étaient plus trop possibles. Malgré tout, Daniel continuait à pratiquer du sport, même plus qu’avant, pour garder la forme mais surtout entrainer son articulation blessée. Bien sûr, il savait que plus jamais il ne pourrait courir comme « avant », mais il se trouvait malgré tout chanceux, il aurait pu finir dans une chaise roulante ou portant une prothèse définitive.

- Je m’éloigne quelque peu du sujet mais je m’interroge. Qui vous a assigné à cette enquête ?

- Pas de boxe, mais plutôt de l’aïkido. Je fais partie d’une équipe de water-polo et je fréquente une salle de sport de manière assez régulière. Pour pouvoir courir après les dangers publics, il faut être en forme, et j’ai appris avec l’expérience que les psychopathes courraient très vite.

Son partenaire pratiquait un art martial, qui était nettement plus noble que la boxe. Si Nadya avait choisi son sport de combat, elle serait sans doute allée du côté de l'aïkido ou du judo, mais ses collègues avaient jugé que la boxe lui serait plus utile. Cela faisait moins mauviette d'après eux... Nadya avait cédé et n'avait éprouvé aucun regret par la suite. La boxe lui avait été utile plus d'une fois.

Par contre, la jeune femme approuva les dernières paroles de son interlocuteur. Courir pouvait être le sport national des forces de l'ordre, vu le temps qu'ils passaient à le faire après les suspects. Nadya se débrouillait bien dans ce domaine, mais il arrivait parfois que son asthme vienne l'ennuyer. C'était rare, et elle avait toujours de quoi calmer ses crises dans ses poches. Elle ne s'en était jamais séparée même durant les infiltrations.


- Je m’éloigne quelque peu du sujet mais je m’interroge. Qui vous a assigné à cette enquête ?

Un peu surprise de l'ignorance de son partenaire, Nadya lui répondit.

- Notre patron, monsieur Romano. Il a dit que vous seriez content d'avoir une partenaire...

Quand Nadya vit son collègue lever les yeux au ciel, la jeune femme comprit qu'elle avait peut-être mal interprété certains signaux de leur patron.

-  Mais ce n'est pas vraiment le cas, je me trompe ?

L’agent Sykes lui donna le nom de celui qui l’avait envoyé le seconder. Doug Romane, chef du F.B.I. avait pris la décision, en ajoutant qu’il serait content d’avoir une partenaire. Devant cette réponse, Daniel leva les yeux au ciel et savait ce qu’il aurait à faire dès qu’ils en auraient terminé dans Little Italy, il irait dire deux mots à son patron.

-  Mais ce n'est pas vraiment le cas, je me trompe ?

- Je n’ai jamais eu de partenaire jusqu’à présent, répondit simplement Daniel en terminant son café. Et ça me convenait parfaitement.

Daniel n’allait pas mentir d’emblée à celle qui était censée être sa partenaire de travail. Il n’en avait certes jamais eu, mais savait qu’un minimum de franchise était nécessaire. De toute façon, parler franchement était dans sa nature.

- J’ai toujours insisté pour travailler seul, et Doug Romano le sait parfaitement.

Son autorité était suprême, Daniel ne pouvait que subir et accepter sa décision. Mais de là à ce qu’il dit à une newbie qu’il serait content d’avoir une coéquipière, il ne fallait pas trop abuser non plus.

- Vous savez ce que c’est de travailler en solo. Personne n’est en danger sauf nous-même. Les décisions sont prises différemment, elles sont plus objectives. Si avoir un partenaire peut être utile, cela rend aussi plus subjectif. C’est la première fois pour vous aussi, n’appréhendez vous pas ?

- Je n’ai jamais eu de partenaire jusqu’à présent. Et ça me convenait parfaitement.

Nadya accueillit la nouvelle en silence, sans surprise. Enfin, il avait au moins le mérite de ne pas chercher à mentir ou encore à la jeter ouvertement dehors. Cela n'allait pas forcément faciliter la suite de leur coopération, mais au moins elle ne se baserait pas sur un mensonge.

- J’ai toujours insisté pour travailler seul, et Doug Romano le sait parfaitement.

S'il le savait parfaitement, pourquoi était-il allé contre cette volonté ? Cela attisa la curiosité de la jeune femme, qui n'était pas sûre que poser la question à sa partenaire soit une bonne idée dans l'immédiat. Dans tous les cas, quelque chose avait dû se produire, restait à savoir quoi et quelle incidence cela pourrait avoir par la suite.

- Vous savez ce que c’est de travailler en solo. Personne n’est en danger sauf nous-même. Les décisions sont prises différemment, elles sont plus objectives. Si avoir un partenaire peut être utile, cela rend aussi plus subjectif. C’est la première fois pour vous aussi, n’appréhendez vous pas ?

Nadya ne pouvait pas nier une partie des paroles de son interlocuteur. Seul, moins de monde semblait en danger, mais était-ce vraiment le cas ? Nadya n'en avait pas toujours eu l'impression lorsqu'elle était en infiltration. Au final pour elle si le travail en solitaire avait été plaisant, elle n'était pas forcément réfractaire à travailler à deux sur des enquêtes.

- Je n'appréhende que certains aspects, déclara Nadya. Sous couverture, travaille seul était nécessaire, mais terriblement dangereux. Si j'ai évité des douleurs physiques, la souffrance morale aurait bien aimé être compensé par un partenaire. A la place, j'ai eu droit à un psychologue dont la gentillesse n'égale pas ses commentaires rasoirs.

Nadya esquissa un sourire en coin, puis but la dernière goutte de son café.

- Maintenant, qu'est-ce qui nous empêche d'interroger ensemble de temps en temps, puis de nous séparer pour explorer les différentes pistes ? Cela permet d'aller plus vite, de résoudre l'affaire plus vite et de se couvrir au moment de l'arrestation du suspect. En plus, on peut même éviter de courir si on le prend en sandwich.

En somme il existait des avantages même si elle n'était pas sûre qu'ils annulent la subjectivité évoqué.

- Quant à la subjectivité, eh bien si on parle d'inquiétude vis-à-vis de son partenaire... J'ai fait de l'infiltration. Je suis donc capable de monter un mensonge improvisé, de faire face au danger et de m'en sortir indemne. Je peux me montrer sage et si on m'achète du chocolat, je ne mêle pas des affaires d'autrui. Alors vous me gardez ou je fais semblant d'être votre partenaire ?

- Je n'appréhende que certains aspects, déclara Nadya. Sous couverture, travaille seul était nécessaire, mais terriblement dangereux. Si j'ai évité des douleurs physiques, la souffrance morale aurait bien aimé être compensé par un partenaire. A la place, j'ai eu droit à un psychologue dont la gentillesse n'égale pas ses commentaires rasoirs.

Daniel garda le silence face à cette vision de l’infiltration. Cela n’avait jamais été dans son domaine de jouer la comédie sur le long terme, il n’était pas fait pour ça. Dans un sens, il admirait la jeune femme d’avoir mené à bien des missions dans cette faction qui n’était pas la plus évidente de la police. Il pouvait comprendre les blessures qui pouvaient en découler, même s’il se disait qu’il n’y avait pas qu’un partenaire qui pouvait aider dans le cas de douleurs morales. Il la rejoignait cependant sur l’utilité d’un psychologue, ceux-là ne servaient à rien.

Sa collègue partagea ensuite sa vision d’un partenariat qui plut assez à Daniel. Il aimait travailler seul, comme il l’avait dit à l’agent Sykes. Et celle-ci n’avait pas pris ombrage de ses paroles franches. Elle lui proposait un juste milieu auquel il pourrait sans doute s’habituer avec le temps.

- Quant à la subjectivité, eh bien si on parle d'inquiétude vis-à-vis de son partenaire... J'ai fait de l'infiltration. Je suis donc capable de monter un mensonge improvisé, de faire face au danger et de m'en sortir indemne. Je peux me montrer sage et si on m'achète du chocolat, je ne mêle pas des affaires d'autrui. Alors vous me gardez ou je fais semblant d'être votre partenaire ?

Daniel ne doutait pas des capacités de la jeune femme, sinon elle n’aurait pas été acceptée au sein du Bureau. Même si à la regarder et l’écouter, il devait bien avouer qu’il y avait quand même quelques doutes quelque part dans son esprit. Il était encore bien trop tôt pour savoir s’il pouvait lui faire confiance.

- Le grand patron a parlé. Le choix ne nous est pas vraiment offert, partenaire. Nous allons donc faire un essai et voir comment les choses évoluent. Après, vous pouvez toujours faire semblant durant le reste de la journée, que je sache à quoi m’attendre ? Proposa Daniel, souriant, sur un ton amusé. D’ailleurs, maintenant que la pause-café est terminée, Agent Sykes, quelle est la prochaine étape ?