- Le grand patron a parlé. Le choix ne nous est pas vraiment offert, partenaire. Nous allons donc faire un essai et voir comment les choses évoluent. Après, vous pouvez toujours faire semblant durant le reste de la journée, que je sache à quoi m’attendre ?

Le terme prudent s'imposa à l'esprit de Nadya. Il leur faudrait sans doute du temps pour s'improviser même si la jeune femme aurait préféré être accueillie à bras ouverts. Enfin, il n'en était pas non plus au point de l'ignorer ou de lui faire des reproches. Il était prêt à faire un essai même à plaisanter aussi, ce qui était plutôt pas mal comme compromis.

- Bien sûr, déclara Nadya.

D’ailleurs, maintenant que la pause-café est terminée, Agent Sykes, quelle est la prochaine étape ?

- Nous devrions sans doute passer par la case autopsie. Il faudra aussi se renseigner sur le cadavre afin de savoir ce qui a pu lui valoir un tel sort et avertir sa famille, s'il en possède encore une. On peut aussi espérer des erreurs de la part du coupable susceptible de nous mener jusqu'à son repaire ou faire avancer cette enquête. Est-ce qu'une infiltration ou un appât ont été suggérés ou tentés ?

Nadya n'avait pas vraiment eu l'occasion de se renseigner sur l'affaire en vue du peu de temps qui s'était écoulé entre son entretien avec le patron et sa rencontre avec son partenaire.

- Nous devrions sans doute passer par la case autopsie. Il faudra aussi se renseigner sur le cadavre afin de savoir ce qui a pu lui valoir un tel sort et avertir sa famille, s'il en possède encore une. On peut aussi espérer des erreurs de la part du coupable susceptible de nous mener jusqu'à son repaire ou faire avancer cette enquête. Est-ce qu'une infiltration ou un appât ont été suggérés ou tentés ?

- Nous passerons à la morgue afin de récupérer les informations sur son identités, empreintes et ADN, nous verrons ensuite pour sa famille.

D’ici à ce qu’ils se rendent à la morgue, le légiste, s’il était capable aurait déjà effectué ce travail. Les réponses ne seraient peut-être pas encore à leur disposition, selon le matériel que possédait le district où serait emmenée la victime.

- Quant au coupable, c’est une coupable. L’indice que retenait le lieutenant récalcitrant était la signature de cette tueuse particulière, Mei Lingh. Elle sévit depuis plusieurs années déjà à New York, de manière plutôt ponctuelle.

Daniel ne la considérait pas comme une tueuse en série, les écarts entre chaque meurtre étaient aléatoires, le profil des victimes changeait et ils n’avaient que peu de points communs, bien que la plupart fût riches et pas toujours honnêtes. Depuis qu’il était été mis sur l’affaire, récemment, après son retour d’année sabbatique, Daniel avait commencé à établir le profil de la tueuse dont il fit part à sa collègue.

- Elle doit tuer pour l’argent, sans ressentir aucun remord cependant. C’est une femme, trentenaire, célibataire et intelligente, aimant probablement le luxe. Elle doit mépriser les représentants de la loi pour les narguer ainsi en signant ses meurtres.

L’agent marqua une pause en repensant aux questions posées par sa collègue.

- Aucune mesure que vous avez décrite n’a été mise en place actuellement, comme vous pouvez le voir il y a un léger problème de coopération avec les forces de police. Une infiltration est pour l’instant difficile à organiser, vu le manque d’informations. Un appât peut être envisagé, si mon profil tient la route, de l’argent et un contrat pourraient la mettre à découvert.

Encore fallait-il obtenir la coopération de la police, leur faire accepter son profil, si pas, autant bosser seul. Daniel l’avait envisagé mais il y avait des chances qu’on le reconnaisse. Mais peut-être que sa collègue, qui était bien plus habituée que lui à ce genre de manœuvre infiltrée, proposerait des solutions.

- Nous passerons à la morgue afin de récupérer les informations sur son identités, empreintes et ADN, nous verrons ensuite pour sa famille.

Nadya hocha la tête en silence et marqua ainsi son approbation à cette prochaine étape. Prévenir la famille n'était jamais une chose facile. En général, infiltrée, Nadya n'avait pas eu souvent à le faire, mais les rares fois où elle s'en était chargée, il était difficile d'en effacer le souvenir.

- Quant au coupable, c’est une coupable. L’indice que retenait le lieutenant récalcitrant était la signature de cette tueuse particulière, Mei Lingh. Elle sévit depuis plusieurs années déjà à New York, de manière plutôt ponctuelle.

Nadya nota mentalement ses informations. Ils avaient donc à faire à une femme dont l'identité n'était pas un secret. Par contre elle devait savoir se cacher pour ne jamais avoir été attrapée jusqu'à présent.

- Elle doit tuer pour l’argent, sans ressentir aucun remord cependant. C’est une femme, trentenaire, célibataire et intelligente, aimant probablement le luxe. Elle doit mépriser les représentants de la loi pour les narguer ainsi en signant ses meurtres.

En somme, ils devaient avoir à faire à une tueuse à gages. Trouver le moyen de la contacter pouvait être une façon d'organiser un guet-apens. Enfin il fallait aussi revoir les différentes meurtres, savoir à quelle distance elle agissait afin de savoir si lui proposer un appât était une bonne chose, ou non.

- Aucune mesure que vous avez décrite n’a été mise en place actuellement, comme vous pouvez le voir il y a un léger problème de coopération avec les forces de police. Une infiltration est pour l’instant difficile à organiser, vu le manque d’informations. Un appât peut être envisagé, si mon profil tient la route, de l’argent et un contrat pourraient la mettre à découvert.

Nadya fixa Daniel en silence, un brin pensive. Elle n'était pas sûre de saisir s'il voulait jouer les appâts ou celui qui posait le contrat. Dans tous les cas, si elle narguait bien les forces de l'ordre, cela devrait l'amuser d'essayer d'abattre l'un de ses représentants.  Après elle était assez intelligente pour leur échapper...

- Pour infiltrer, il faut trouver les endroits où elle traîne. Cela demande une filature, puis la recherche d'un profil adapté à une infiltration, quelqu'un qui n'a pas fait la une des journées ou dont les journalistes ont parlé. L'appât est une meilleure solution à court terme, encore faut-il savoir la contacter pour poser le contrat.

Clairement, Nadya manquait de données pour savoir si le jeu en valait vraiment la chandelle. Par contre, elle avait les questions susceptibles de l'éclairer.

- Il peut être intéressant de la défier en proposant un agent du F.B.I comme cible. Si le commanditaire sait l'appâter, cela pourrait fonctionner. Maintenant, je dois avouer que j'aimerais savoir si on sait comment elle accepte ses contrats, si l'on a trouvé ceux qui l'auraient payé lors des précédents meurtres. Cela pourrait aider à mettre en place ce genre d'opérations, à minimiser les risques afin d'éviter de voir l'appât mourir...

Nadya fit une petite grimace, avant d'ajouter.

- Et puis des fois, lorsque le criminel découvre le pot aux roses, un duel à mort peut s'engager. Vous êtes prêt à prendre ce risque ?

Suite à ses explications, l’agent Sykes releva des points intéressants qui avait déjà été discuté avec son supérieur. Bien entendu, elle ne pouvait être au courant et faisait preuve d’assez de jugeote pour qu’il lui confie le dossier de Mei Lingh afin qu’elle l’étudie de son côté et lui donner ses impressions en toute connaissance de cause.

- Il peut être intéressant de la défier en proposant un agent du F.B.I comme cible. Si le commanditaire sait l'appâter, cela pourrait fonctionner. Maintenant, je dois avouer que j'aimerais savoir si on sait comment elle accepte ses contrats, si l'on a trouvé ceux qui l'auraient payé lors des précédents meurtres. Cela pourrait aider à mettre en place ce genre d'opérations, à minimiser les risques afin d'éviter de voir l'appât mourir... Et puis des fois, lorsque le criminel découvre le pot aux roses, un duel à mort peut s'engager. Vous êtes prêt à prendre ce risque ?

Daniel ne pensait pas qu’un défi d’un agent du Bureau ne la tente, sauf s’il y avait de l’argent à la clé. Mais comme le disait sa collègue, avec un bon appât, la tueuse pourrait se laisser tenter. Quant au commanditaire, effectivement, mieux valait qu’il ait un profil commun. Daniel était mal placé pour se lancer dans ce genre de jeu, son visage était apparu à la télévision et dans les journaux par le passé. Et ce n’était pas le genre de mission dans lesquelles il excellait, l’infiltration n’était pas pour lui. Par contre, il n’avait rien contre jouer l’appât.

- Ce sont les risques du métier, répondit Daniel en haussant les épaules, reprenant le chemin vers sa voiture. Mais rassurez-vous agent Sykes, on ne me tue pas si facilement, je suis un coriace, pas autant que Doug Romano, mais assez pour donner du fil à retordre à celui ou celle qui voudrait essayer rajouta-t-il avec un sourire en coin.

L’agent s’arrêta près de son véhicule et sortit ses clés.

- Je vous ferai envoyer le dossier de cette charmante Mei Lingh à votre domicile dès ce soir. On pourra en discuter plus en détail demain, lorsque vous aurez toutes les informations à votre disposition. On se rejoint à la morgue ou vous préférez voyager avec moi ?

- Ce sont les risques du métier. Mais rassurez-vous agent Sykes, on ne me tue pas si facilement, je suis un coriace, pas autant que Doug Romano, mais assez pour donner du fil à retordre à celui ou celle qui voudrait essayer

- Coriace ou non, une balle dans la tête suffit pour tuer, remarqua Nadya.

Nadya n'avait pas pu s'empêcher de faire la remarque. Le haussement d'épaule lui avait paru un peu trop désinvolte. Ils étaient en train de parler d'un piège dangereux, qui était plus risqué que d'autres en raison de la nature de la proie.

- Je vous ferai envoyer le dossier de cette charmante Mei Lingh à votre domicile dès ce soir. On pourra en discuter plus en détail demain, lorsque vous aurez toutes les informations à votre disposition. On se rejoint à la morgue ou vous préférez voyager avec moi ?

Quand Daniel lui annonça qu'il lui enverrait le dossier, la jeune femme hocha simplement la tête. Elle l'étudierait avec soin afin de se faire une meilleure idée sur la question du piège. Cela lui permettrait de savoir si l'idée était bonne ou trop dangereuse. Enfin, il fallait parfois prendre beaucoup de risques quand la proie était en fuite depuis trop longtemps.

- Ensemble, déclara Nadya.

La jeune femme monta ensuite dans la voiture de son partenaire, puis reprit la parole. Elle était toujours concentrée sur l'idée du piège, notamment sur la façon de le rendre viable aux yeux des supérieurs.

- Quels seraient vos atouts pour être un bon appât ?

L’agent Sykes préféra faire le chemin avec lui jusqu’à la morgue. Daniel se contenta de hocher la tête et de prendre place derrière son volant. Il attendit que la jeune femme attache sa ceinture avant de mettre le moteur en marche. Ce qui offrit le temps à sa coéquipière de faire entendre sa voix.

- Quels seraient vos atouts pour être un bon appât ?

- Mon profil est l’atout principal. J’ai eu mon heure de gloire par le passé, et les médias ont reporté l’information durant un bon moment. Bien sûr, j’ai retrouvé l’anonymat, et je ne m’en plains pas. Mon implication dans l’enquête la concernant est un atout également.

S’il arrivait à la retrouver et à lui passer les menottes aux poignets, Daniel pourrait retrouver son statut précédent, celui qui lui permettait d’agir seul. Il n’avait rien contre la jeune femme qu’on lui avait imposée, mais Daniel aimait travailler de son côté, même s’il était prêt à faire des efforts, comme il venait de le prouver.

- Reste à savoir si elle trouvera l’intérêt de se laisser tenter. Il faudra sans doute lui offrir une sacrée somme pour qu’elle considère une offre comme celle-là.

Il restait une bonne cible mais encore fallait-il convaincre la tueuse à gage d’accepter un contrat à haut profil comme celui-là. Il pourrait attirer l’attention un peu trop sur elle, qui jusque là s’en sortait plutôt bien côté discrétion. Daniel doutait qu’elle soit du genre aventureux. Mais comme on disait : qui ne risque rien n’a rien.  

- Nous pourrons en discuter plus en détail lorsque vous aurez étudié son dossier. Je suis curieux d’entendre votre avis à ce sujet. Après une pause, il reprit, sur le sujet du curriculum vitae de sa partenaire. On risque d’être un peu en avance pour les résultats. Êtes-vous du genre à assister à une autopsie ou bien à attendre le rapport du légiste, Agent Sykes ?

- Mon profil est l’atout principal. J’ai eu mon heure de gloire par le passé, et les médias ont reporté l’information durant un bon moment. Bien sûr, j’ai retrouvé l’anonymat, et je ne m’en plains pas. Mon implication dans l’enquête la concernant est un atout également.

Nadya n'était pas sûre que son implication dans l'enquête soit un atout. Cela dépendait de la nature de la proie dont elle ne savait pas encore grand chose. Avec le dossier, elle y verrait sans doute plus clair et pourrait se faire sa propre idée de la question. En attendant l'heure de gloire passée lui semblait être un véritable atout si la tueuse voulait rappeler qui elle est à ses clients. Tuer un agent avec une belle carrière pouvait être bien vue dans son CV.

- Reste à savoir si elle trouvera l’intérêt de se laisser tenter. Il faudra sans doute lui offrir une sacrée somme pour qu’elle considère une offre comme celle-là.

- Ou arriver à la convaincre des avantages d'une telle cible pour sa carrière, suggéra Nadya.

Restait à savoir quel genre de contacts elle pouvait avoir avec les commanditaires des meurtres qu'elle effectuait.

- Nous pourrons en discuter plus en détail lorsque vous aurez étudié son dossier. Je suis curieux d’entendre votre avis à ce sujet.

De son côté, Nadya était curieuse d'en apprendre plus sur le dossier.

On risque d’être un peu en avance pour les résultats. Êtes-vous du genre à assister à une autopsie ou bien à attendre le rapport du légiste, Agent Sykes ?

- Je n'ai jamais assisté à une autopsie. Celle-ci sera ma première. La question est de savoir si vous serez là ou si vous préférez aller passer quelques coups de fil ?

Ses yeux se posèrent sur son partenaire, curieuse de savoir s'il allait saisir l'opportunité de faire deux, trois trucs dans son coin ou s'il resterait à deux.

- Je n'ai jamais assisté à une autopsie. Celle-ci sera ma première. La question est de savoir si vous serez là ou si vous préférez aller passer quelques coups de fil ?

- Je préfère  être sur place, répondit Daniel sans hésitation. Je veux être sûr d’être le premier à avoir les résultats de l’autopsie en main. Sinon, un certain lieutenant est capable de passer par là et de nous jouer un mauvais tour.

Daniel savait le lieutenant Walsh parfaitement capable de se faire de stupidité, tout ça car il ne supportait pas qu’on lui « vole » une affaire. Daniel n’avait pas choisi cette affaire, on la lui avait attribuée. Il aurait pu s’en passer, surtout si c’était pour avoir à faire à un chien de garde comme Michael Walsh. Sans compter qu’il avait appris récemment que le lieutenant avait un ami parmi les médecins légistes. Réelle amitié ou manipulation, Daniel l’ignorait, mais il devait être encore plus vigilant.

- Donc nous allons passer encore un peu de temps ensemble, Agent Sykes. Et je suis curieux de voir comment vous ressortirez de cette première autopsie. Quoique vous avez de la chance, il aurait pu s’agir d’une noyade.

Dans ces cas-là, l’odeur provenant du corps était vraiment insupportable. Daniel aurait pu se taire et observer discrètement la jeune femme durant cette première autopsie, mais il avait préféré agir autrement. Ce serait intéressant de voir la réaction de sa collègue. L’agent s’attendait cependant à une bonne résistance, après tout elle devait déjà avoir vu un cadavre. Après, peut-être pas ouvert et séparé de ses organes un à un…

Au passage, Daniel se rappela de se procurer le dossier de la jeune femme, afin qu’il sache exactement avec qui il allait travailler.

- J’ai une question pour vous, reprit Daniel tout en marquant l’arrêt à un feu rouge. Que feriez-vous concernant le lieutenant Walsh, que nous avons croisé tout à l’heure, celui qui a si illégalement caché une preuve sur une scène de crime ?